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déduction pût être punie d’une peine corporelle ou pécuniaire, ou qu’une déduction devînt le point de départ d’une nouvelle déduction. On reconnaîtra à ces quelques traits qu’Ismaël était un esprit lucide et sincère, qui cherchait à accomplir consciencieusement son devoir d’interprète de la Loi. Ce docteur avait son école particulière, connue sous le nom de Bè Rabbi Ismaël, et dans laquelle il enseignait surtout la méthode qui devait servir à interpréter et à appliquer la loi écrite. Il augmenta le nombre des règles d’interprétation de Hillel qu’il porta de sept à treize, et ces règles furent adoptées par les docteurs sans qu’elles pussent cependant affaiblir l’autorité de la méthode d’Akiba, dont Ismaël était un des plus vifs adversaires. Ces cinq docteurs : Gamaliel, l’organisateur, Éliézer, l’inflexible gardien de la tradition, Josua, le partisan de la conciliation, Akiba, l’esprit méthodique, et Ismaël, le dialecticien, forment le noyau et le centre de cette époque, c’est autour d’eux que se groupent les autres Tannaïtes qui se rattachent tous par leurs opinions ou leur manière de voir à l’un ou à l’autre d’entre eux. L’histoire judaïque contient peu de périodes où se trouvent réunis un si grand nombre d’hommes éminents par leur intelligence, leur caractère et leur zèle pour l’enseignement. On dirait que la Providence crée des héros particulièrement vaillants pour les temps difficiles et orageux. Une seconde fois, depuis les Macchabées, le judaïsme devait soutenir une lutte sans merci et combattre pour son existence ; il trouva des défenseurs qui sacrifièrent leur vie à son salut. L’immense douleur causée par l’effondrement de l’État judaïque contribua sans doute à mûrir l’esprit et à tremper le caractère des docteurs de cette génération. Ils concentrèrent toute leur énergie, toute leur intelligence, tout leur être sur un point unique, la conservation et le développement de l’héritage commun, de la sainte Thora. Tous les Tannaïtes de la deuxième génération étaient appelés, dans le langage du temps, les hommes armés (Baalè Tréssim), parce que le Synhédrin et les écoles ressemblaient à un champ de bataille où on discutait passionnément les questions législatives. L’assistance se composait en partie de membres du Synhédrin, qui avaient le droit d’émettre leur vote sur chaque question en discussion, en partie d’assesseurs élevés au rang de docteurs par la cérémonie de l’imposition