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est arrivé pour bien des personnages illustres, la légende s’est emparée de la jeunesse et de la première éducation d’Akiba, qui sont enveloppées de ténèbres, pour les embellir au gré de sa fantaisie. Mais, au milieu des récits merveilleux, il est facile de démêler la vérité et de reconnaître que ce docteur était d’origine très obscure. À en croire un de ces récits, Akiba aurait été un prosélyte et aurait servi comme domestique chez Kalba Sabua, un des trois hommes les plus riches de Jérusalem qui, lors du siège de cette ville, avaient réuni des provisions en quantité suffisante pour pourvoir pendant plusieurs années à la subsistance des habitants. Akiba raconta plus tard lui-même qu’étant encore ignorant il exécrait les docteurs. Il est également vrai qu’il s’est trouvé avec sa femme dans une profonde misère. Car, d’après une information digne de foi, sa femme dut vendre jusqu’à ses cheveux pour se procurer quelques vivres. Ces obstacles, qui auraient découragé tout autre que lui, l’aiguillonnèrent et développèrent remarquablement ses facultés. Sa vigoureuse énergie triompha des difficultés, renversa toutes les barrières et l’éleva au premier rang parmi les docteurs.

Akiba était un esprit synthétique, il réunit les éléments partiels et disséminés de la tradition pour les rattacher entre eux par un lien commun. Cette méthode lui appartenait en propre, il ne l’avait empruntée ni à ses maîtres ni à l’école de Jabné. Seul, l’enseignement de Nahum de Guimzo avait agi sur son esprit, et c’est une règle d’interprétation de ce maître, incomplète, il est vrai, et mal définie qu’Akiba a prise comme point de départ pour la développer et en faire un système qui a laissé une profonde trace dans l’histoire judaïque.

Akiba qui, seul de tous les Tannaïtes, suivait dans son enseignement une méthode régulière, avait fondé son système sur certains principes fixes et bien déterminés. Pour lui, la loi orale n’était pas une matière inerte, incapable de développement, ou, comme pour Éliézer, un ensemble de souvenirs, il l’envisageait comme une mine inépuisable où l’emploi d’instruments convenables fait découvrir sans cesse de nouvelles richesses. Il ne voulait pas qu’on établît de nouvelles prescriptions à la simple majorité des voix, ces prescriptions devaient avant tout s’appuyer sur un témoignage écrit, sur le texte même de la Bible. Le système d’Akiba repo-