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trine parmi les rabbanites. L’un d’eux, nommé Eldad et se disant originaire de la tribu de Dan, était un homme fin et rusé qui, par le récit des voyages merveilleux qu’il prétendait avoir faits en Mésopotamie, en Égypte, dans l’Afrique et en Espagne, s’acquit de son temps une réputation considérable. Il appartenait à cette catégorie de fourbes qui se croient autorisés à mentir dans un but religieux, savent exploiter la crédulité humaine et prendre la foule dans un tissu inextricable de fables et d’impostures. Les gaonim eux mêmes ajoutèrent foi aux récits fantaisistes d’Eldad, ils crurent que la tribu de Dan possédait, en effet, comme il le disait, des traditions émanant directement de Moïse, écrites en hébreu et relatives aux rites juifs, quoique ces traditions fussent, sur bien des points, en contradiction avec le Talmud et portassent l’empreinte du caraïsme.

À cette époque, l’éclat dont avait brillé, à l’origine, l’exilarcat avait déjà bien pâli, et il s’effaça de plus en plus devant l’autorité grandissante de l’académie de Pumbadita. Cette école prit, en effet, un essor considérable sous la direction d’un gaon éminent, autrefois rabbin et juge à Bagdad, qui se nommait Haï ben David (890-897). Les Juifs occupaient alors de nouveau une situation satisfaisante dans l’empire musulman ; le vizir du khalife Almoutadhid (892-902), Obeïd-Allah ibn Soleïman, les traitait avec équité, il les nommait même aux emplois publics. Ce fut surtout la communauté de Bagdad qui profita de cet heureux changement, elle acquit une grande influence auprès du khalife et prit une place prépondérante dans le judaïsme de l’Irak. Quand son rabbin Haï ben David fut nommé chef de l’académie de Pumbadita, elle lui prêta un appui efficace pour établir la suprématie de cette académie sur toute la Babylonie juive. L’école de Sora, qui occupait auparavant le premier rang, avait décliné peu à peu et perdu successivement ses divers privilèges ; il lui en restait un seul, le droit de disposer, pour son entretien, de la plus grande partie des sommes envoyées par les Juifs du dehors aux écoles babyloniennes, elle en fut dépouillée par le gaon de Pumbadita, Mar Kohen-Zédék II.

Mar Kohen-Zédéh II ben Joseph, qui fut à la tête de l’école de Pumbadita depuis 917 jusqu’à 936, était un de ces hommes