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vait plus en offrir sur l’autel : « Dans ce cas, leur disait Josua, vous ne devriez plus goûter ni eau, ni pain, puisque, dans certaines circonstances, ils étaient aussi présentés en offrande. » Et, à ce propos, il établit comme principe qu’il ne faut jamais imposer au peuple des pratiques dont l’accomplissement est trop difficile. Peu de temps avant la chute du temple, l’école de Schammaï, sous l’impulsion d’une sorte de passion religieuse, avait pris plusieurs mesures connues sous le nom des « dix-huit choses » dans le but d’établir une séparation complète entre Judéens et païens, et de supprimer toute relation avec ces derniers. Josua se prononça vivement contre ces mesures : « En ce jour, dit-il, les Schammaïtes ont dépassé toute mesure dans leurs dispositions législatives, ils ont agi comme ceux qui versent de l’eau dans un vase plein d’huile ; plus ils y font entrer d’eau, plus ils en font sortir d’huile. » Il voulait dire par là que les nouvelles pratiques ajoutées au judaïsme lui enlèvent une partie de sa valeur et de son essence. Mais il ne blâmait pas seulement les exagérations des disciples de Schammaï, il condamnait également les déductions trop nombreuses que les Hillélites tiraient de la Thora : «Le nombre des prescriptions, dit-il, concernant la sanctification du sabbat, les sacrifices des fêtes, la défense de jouir des objets sacrés est très limité dans la Thora, mais on y a ajouté un nombre considérable de halakot. La deuxième tenaille a pu être fabriquée à l’aide de la première, mais comment cette première a-t-elle été fabriquée ? » Esprit froid et sensé, il refusait d’admettre une intervention miraculeuse dans les discussions législatives, parce que, disait-il, la Loi n’a pas été révélée pour les êtres célestes mais pour les hommes, qui doivent la comprendre par leur propre raison. Josua se montrait doux et tolérant envers la gentilité. Tandis qu’Éliézer ben Hyrkanos, à l’instar des fondateurs du christianisme, déniait aux païens toute part à la vie future, Josua enseignait au contraire que les justes et les hommes de bien de toutes les religions participeront à la béatitude éternelle.

Une des figures les plus originales de ce temps est, sans contredit, Akiba ben Joseph. C’était un de ces hommes admirablement doués qui exercent une action prépondérante sur une époque et laissent après leur disparition. un long sillage dans l’histoire. Comme cela