de prier pour eux et de les bénir. Des membres de la famille royale, pour leur témoigner leur estime, offraient à des Juifs de riches cadeaux.
La liberté religieuse des Juifs était très grande dans l’empire des Francs, ils pouvaient construire de nouvelles synagogues, proclamer devant des auditeurs chrétiens la supériorité du judaïsme, déclarer publiquement qu’ils étaient les descendants des patriarches, la race des justes, les enfants des prophètes, exprimer librement leur opinion sur le christianisme et nier la vertu miraculeuse des saints et des reliques. Des chrétiens fréquentaient les synagogues, assistaient aux offices divins et aux sermons des prédicateurs juifs. Ceux-ci prêchaient, sans doute, dans la langue du pays. L’abbé Rhaban Maur, de Fulda, avoue que dans ses commentaires sur l’Écriture Sainte, qu’il dédia à l’empereur Louis de Germanie, un grand nombre de ses explications sont dues à des Juifs. Par suite de cette situation favorable des Juifs, un certain nombre de chrétiens éprouvaient le désir d’approfondir le judaïsme, et très souvent ils s’y convertissaient. En résumé, pour les Juifs de son royaume, le règne de Louis le Débonnaire fut une période de tranquillité et de bonheur telle qu’il ne s’en présenta plus pour eux, en Europe, jusque dans les temps modernes. Mais, malgré leur situation favorable, ou plutôt à cause de cette situation, les Juifs avaient des ennemis en France. Pour les chrétiens fanatiques, la liberté des Juifs équivalait à la destruction du christianisme, et ils voulaient à toute force sauver leur religion, c’est-à-dire persécuter les Juifs. Il y avait également ceux qui haïssaient à la cour les amis des Juifs et qui, n’osant pas s’attaquer directement à leurs adversaires, s’en prenaient à leurs protégés. Le représentant le plus illustre de ce parti était Agobard, évêque de Lyon, qui fut canonisé par l’Église. C’était un homme passionné et rancunier, qui ne reculait devant aucun obstacle pour atteindre son but ; il alla jusqu’à calomnier la reine et à conspirer contre le roi. Il excita les fils de Louis le Débonnaire, et particulièrement Lothaire, à se révolter contre leur père. Aussi fut-il surnommé Ahitophel, parce qu’à l’instar de ce dernier, qui avait poussé Absalon à déclarer la guerre à David, il avait soulevé un fils contre son père. Son ambition était de restreindre de nouveau la liberté