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nés de lits différents sont également déclarés consanguins. La consanguinité entre mari et femme subsiste pour certains caraïtes même quand l’union a été dissoute, et si le mari divorcé, par exemple, contracte un nouveau mariage, la deuxième femme est considérée comme parente consanguine, par transmission, avec la première femme, quoique ces deux femmes soient, en réalité, étrangères l’une à l’autre. Cette transmission s’étendait jusqu’à la quatrième union ; il n’y avait cependant aucune raison de s’y arrêter plutôt qu’à une union ultérieure. Les caraïtes n’osèrent sans doute pas pousser ce principe de la transmission (Rikkub, Tarkib) jusque dans ses conséquences extrêmes.



CHAPITRE XV


situation heureuse des juifs dans l’empire franc et déclin de l’exilarcat en orient
(814-840)


Les Juifs d’Europe ne connaissaient pas le schisme qui avait affaibli le judaïsme de l’Orient, ils ignoraient également les froissements si pénibles qui s’étaient produits entre l’exilarcat et le gaonat, ainsi que la rivalité funeste des chefs d’école de Pumbadita. Pour eux, la Babylonie continuait à briller d’un éclat idéal, elle était toujours à leurs yeux le centre du culte et de l’enseignement religieux. Les décisions venues de Sora et de Pumbadita étaient acceptées en Europe avec une respectueuse soumission, et quoiqu’en France et en Italie on vit quelques Juifs éminents se livrer à l’étude de l’aggada et de la doctrine secrète, les Juifs européens se considéraient, en général, comme dépendants des autorités religieuses de l’Orient. Sous les règnes de Charlemagne et de son fils Louis (814-840), qui les traitaient avec bienveillance, les Juifs de l’empire franc s’adonnèrent avec ardeur à l’étude de la Loi et témoignèrent d’un zèle si vif pour le