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sept classes qui entrent au paradis. L’histoire impartiale ne ratifie pas ces louanges, elle ne reconnaît aucune supériorité intellectuelle au fondateur du caraïsme, qui n’avait ni conceptions profondes, ni connaissances philosophiques. Attaché étroitement à la lettre de la Thora, il en était encore, entre autres, à cette croyance biblique que le sang était réellement le siège de l’âme. Il était également inconséquent dans son opposition au judaïsme talmudique, laissant subsister maintes pratiques qui, pas plus que d’autres qu’il avait dédaigneusement repoussées, n’étaient inscrites dans la Bible. — Après sa mort, son fils Saül lui succéda dans la dignité d’exilarque.

Le système religieux d’Anan ne tarda pas à subir des modifications. Ses disciples mêmes commencèrent déjà à s’écarter, sur certains points, des vues de leur maître, et, de génération en génération, il s’introduisit de nouveaux changements dans le caraïsme primitif. Pour défendre leurs nouvelles réformes contre leurs propres coreligionnaires et contre les rabbanites, les successeurs d’Anan durent demander leurs arguments à la Bible. Aussi se livra-t-on, parmi les caraïtes, avec une grande ardeur à l’explication de la Thora. Ils devinrent grammairiens, massorètes, fixèrent la lecture des mots douteux et scrutèrent avec zèle le texte biblique.

Pendant que les caraïtes déployaient une activité littéraire très sérieuse, les rabbanites ne produisaient presque rien. On ne connaît qu’un seul auteur important de ce temps, Jehudaï, gaon de Sora, dont il a été déjà question et qui a aidé à excommunier Anan. Il a composé un recueil talmudique connu sous le nom de Résumé des pratiques religieuses (Halakhot Quetouot). L’auteur a indiqué sommairement et coordonné dans cet ouvrage les diverses prescriptions disséminées dans le Talmud. Ce recueil fut d’une utilité incontestable, il pénétra jusque dans les communautés juives les plus éloignées et servit de modèle aux travaux postérieurs de ce genre.

Le mouvement caraïte contribua à affaiblir l’autorité des exilarques. Avant Anan, les académies étaient subordonnées à l’exilarque, qui faisait ou ratifiait la nomination des chefs d’école. Quand les gaonim eurent réussi à écarter Anan de l’exilarcat, ils