mudistes. Désireux de ramener la vie religieuse à l’accomplissement des seules lois bibliques, il accusa les talmudistes d’avoir dénaturé le judaïsme en ajoutant des prescriptions à la Thora et aussi en en retranchant des lois obligatoires pour tous les temps. Sa principale recommandation à ses disciples était d’étudier assidûment l’Écriture Sainte. Il est possible qu’Anan n’attaquait si violemment le Talmud que par imitation de ce qui se passait alors dans le monde musulman. Là, en effet, à côté de ceux qui acceptaient non seulement le Coran mais aussi la tradition, et qui s’appelaient les Sunnites, il y avait les Chyites, c’est-à-dire les adversaires de la tradition. Anan, comme ces derniers, repoussa tout enseignement traditionnel pour s’en tenir strictement à l’Écriture (Mikra). De là, le nom de caraïsme ou acceptation de l’Écriture.
Anan exposa sa doctrine dans trois ouvrages, mais ces écrits sont perdus, et on est ainsi privé de toute information précise sur le caractère primitif du caraïsme. On sait seulement que, loin de diminuer les obligations religieuses, le fondateur du caraïsme en aggrava, au contraire, la charge et remit en vigueur bien des lois tombées en désuétude ; il fit même usage, malgré son hostilité envers le Talmud, des règles d’interprétation des Tannaïtes, pour déduire, comme ses adversaires, de nouvelles lois de la Bible. Ce furent surtout les lois sur les fêtes, le sabbat, la nourriture et le mariage qui subirent d’importantes modifications. Anan abolit le calendrier des fêtes, établi depuis le milieu du (ive siècle, il voulut que la néoménie fût déterminée chaque mois, comme autrefois, à l’aide de l’observation de la nouvelle lune ; que l’intercalation des années embolismiques eût lieu, non pas d’après une règle fixée d’avance, mais d’après le degré de maturité de la moisson, surtout de l’orge. Il faisait célébrer la Pentecôte, comme autrefois les Sadducéens, cinquante jours après le samedi qui suivait la fête de Pâques.
Anan se montra particulièrement rigoureux pour l’observation du repos sabbatique ; il interdit, le samedi, d’administrer des remèdes même à des malades gravement atteints, de pratiquer la circoncision, de sortir de sa maison dans une ville où les habitants juifs étaient mêlés aux habitants non juifs, de goûter des