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vous !… exterminez ces Juifs pestiférés qui s’endurcissent sans cesse dans de nouvelles folies, examinez les lois que Notre Majesté va promulguer contre eux.

Des vingt-sept paragraphes que le roi Erwig soumit à l’approbation du concile, un seul se rapportait aux Juifs, tous les autres avaient en vue les malheureux qui avaient été baptisés de force et qui, malgré leurs déclarations écrites, malgré les peines les plus sévères, restaient attachés de cœur au judaïsme. Pour amener les Juifs au christianisme, Erwig proposa tout simplement de les obliger à se présenter au baptême dans le délai d’un an, eux, leurs enfants et tous leurs parents, et, dans le cas où ils ne se conformeraient pas à cet ordre, de confisquer leurs biens, de les frapper de cent coups de verges, de leur arracher la peau du front et de la tête, et de les chasser enfin du pays. Les chrétiens judaïsants, déjà si durement éprouvés, furent soumis à une nouvelle vexation. Ils étaient déjà obligés de passer les solennités juives et chrétiennes sous la surveillance du clergé, Erwig contraignit ceux qui se mettaient en voyage pendant la fête de Pâques à se présenter devant les ecclésiastiques des localités où ils s’arrêtaient, pour faire constater qu’ils accomplissaient fidèlement leurs devoirs religieux. Il était ordonné aux Juifs de porter constamment sur eux le texte des lois qui les concernaient, afin qu’il ne leur fût pas possible, en cas de désobéissance, d’arguer de leur ignorance.

Le concile, présidé par le métropolitain Julien, de Tolède, d’origine juive, approuva toutes les mesures proposées par Erwig et décida qu’elles ne pourraient jamais être abolies. Deux jours après la clôture de l’assemblée, on convoqua tous les Juifs pour leur faire connaître les dispositions prises à leur égard (25 janvier 681). Pour la troisième fois, les Juifs baptisés durent abjurer le judaïsme et signer un acte de foi.

La situation si malheureuse des Juifs hispano-visigoths s’aggrava encore sous Egica, le successeur d’Erwig. Ce roi leur défendit de posséder des maisons et des terres, il leur interdit la navigation et le commerce avec l’Afrique et, en général, toute relation d’affaires avec les chrétiens. Les Juifs étaient obligés de céder tous leurs immeubles au fisc, qui leur donnait un sem-