Des listes de morts étaient envoyées même de France et d’Espagne afin que leur nom fût rappelé à cette solennité.
Au moment où les Juifs de l’Irak obtenaient des khalifes le droit de vivre en liberté et de former de nouveau un État autonome, leurs frères d’Espagne, auxquels l’histoire réservait cependant un rôle si brillant, étaient exposés aux plus cruelles souffrances. Les uns avaient émigré, les autres avaient dû accepter le baptême et promettre par écrit, sur l’ordre du roi Chintila, de rejeter sincèrement le judaïsme et d’observer fidèlement les pratiques chrétiennes. Ces Juifs convertis n’en restaient pas moins attachés de toute leur âme à la foi de leurs pères ; ils étaient, du reste, protégés en partie contre les rigueurs du roi par la noblesse wisigothe, indépendante de son souverain. Dès que Chintila fut mort, ils s’empressèrent, sous son successeur Chindaswind (642-652), qui détestait le clergé, de revenir publiquement au judaïsme.
Le fils et successeur de Chindaswind, Receswinth (652-672), fut très hostile aux Juifs. Par fanatisme ou par flatterie envers le clergé, il recommanda vivement au synode réuni à cette époque de prendre des mesures énergiques contre les Juifs, surtout contre les Juifs relaps. Dans son discours du trône, il prononça devant les ecclésiastiques les paroles suivantes : « Je me plains des Juifs, parce que j’ai appris que mon pays était souillé de leur pernicieuse présence. Tandis qu’avec l’aide du Tout-Puissant, toutes les hérésies ont été exterminées radicalement de ce royaume, cet opprobre de l’Église (les Juifs) est resté ici, il faut qu’il soit amélioré par notre piété ou détruit par notre rigueur. Les uns ont conservé leur ancienne incrédulité, d’autres, purifiés par le baptême, sont retombés dans leurs erreurs, ils sont des blasphémateurs plus coupables que ceux qui n’avaient jamais été baptisés. Je vous adjure donc de prendre à l’égard des Juifs, sans acception de personne, une résolution énergique qui soit agréable à Dieu et utile à notre foi. » Le huitième concile de Tolède ne vota aucune mesure nouvelle, il se borna à confirmer les dispositions prises par le quatrième. Les Juifs purent rester dans le pays, mais n’avaient le droit ni de posséder des esclaves, ni d’occuper une fonction, ni de témoigner contre un chrétien.
Bien plus douloureuse encore était la situation de ceux qui, pen-