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pour secourir les pauvres, les Juifs et les chrétiens étaient soumis à un impôt personnel et à un impôt foncier.

Malgré ces restrictions, les Juifs se sentaient plus libres chez les musulmans que dans les pays chrétiens. D’abord, les lois d’Omar ne leur étaient pas rigoureusement appliquées, même du vivant de ce khalife. Ensuite, les musulmans, tout en étant convaincus de la supériorité de leur religion, ne méprisaient pas les Juifs, comme le faisaient les chrétiens, ils savaient reconnaître leur mérite et leur témoigner, à l’occasion, les plus grands égards.

C’est surtout dans l’ancienne Babylonie, appelée Irak par les Arabes, que la conquête musulmane fut bienfaisante pour les Juifs. Les rois sassanides, qui gouvernaient alors le pays, persécutaient le judaïsme et le christianisme. Aussi Juifs et chrétiens aidèrent-ils les Arabes, quand ils eurent envahi la Babylonie, à conquérir cette région. Les services qu’ils leur rendirent dans cette guerre durent être très importants, puisque le khalife Omar, qui n’était cependant pas indulgent pour les infidèles, les en récompensa en leur accordant un certain nombre de privilèges. Le chef de l’Église chaldéenne, Jesujabu, qui avait le titre de patriarche ou catholicos, obtint le droit d’étendre son autorité sur tous les chrétiens de l’Irak, et ceux-ci lui devaient obéissance non seulement dans les questions religieuses, mais encore dans les questions politiques. Des privilèges analogues furent probablement accordés à l’exilarque Bostanaï ; Omar ou un de ses lieutenants donna même en mariage à ce dignitaire une fille du roi de Perse, Kosru, qu’il avait emmenée en captivité (642). Bostanaï fut le premier exilarque qui reçut l’investiture de la main d’un khalife. Revêtu de pouvoirs politiques et judiciaires assez étendus, il réunit entre elles, par des liens étroits, toutes les communautés juives de la Babylonie. Il fut autorisé à se servir officiellement d’un sceau spécial, sur lequel était gravée une mouche, et qu’il apposait sur les édits et les ordonnances qu’il promulguait.

Après la mort d’Omar (644), tombé sous les coups d’un meurtrier, et celle de son successeur Othman (655), tué dans une émeute, Ali fut élevé à la dignité de khalife. À ce moment, l’empire musulman était gouverné par deux partis : les uns tenaient pour