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CHAPITRE XIII


organisation du judaïsme babylonien
(époque des gaonim)


Après la mort de Mahomet, les musulmans se répandirent avec une impétuosité indomptable au delà des frontières de l’Arabie ; ils se précipitèrent, l’épée dans une main et le Coran dans l’autre, à la conquête des plus belles régions de l’Asie et de l’Afrique, électrisés par leur cri de guerre : Allah seul est Dieu, et Mahomet est son prophète. Le vieux royaume de Perse tomba au premier choc ; les provinces byzantines, la Palestine, la Syrie et l’Égypte, dont la population détestait les empereurs de Constantinople, acceptèrent avec empressement la domination arabe. En Palestine surtout, les Juifs et les Samaritains favorisèrent la conquête musulmane. La ville forte de Césarée, la capitale politique du pays, où se trouvaient, dit-on, 700 000 hommes en état de porter les armes, fut livrée aux Arabes par un Juif. Jérusalem tomba au pouvoir du khalife Omar (vers 638), il y éleva une mosquée sur l’emplacement du temple. Cette ville resta pour les musulmans la cité sainte (Al-Kouds).

L’islamisme naissant se montra cependant aussi intolérant pour les Juifs que le christianisme. Omar leur interdit le séjour de Jérusalem ; il les soumit, en outre, à un certain nombre de lois restrictives qui sont connues sous le nom de « législation d’Omar », et qui s’appliquaient également aux chrétiens. Ainsi, il leur était défendu de construire de nouvelles synagogues et d’embellir les anciennes ; ils ne pouvaient chanter à l’office qu’à mi-voix, ils devaient réciter les prières des morts à voix basse, ils ne pouvaient occuper aucune fonction publique, ni juger les musulmans, ni empêcher leurs coreligionnaires de se convertir à l’islamisme, ni porter une bague à cachet. Enfin, on leur imposait, ainsi qu’aux chrétiens, un vêtement d’une couleur particulière, et on ne leur permettait pas de monter à cheval. Pendant que les musulmans étaient exempts de tout impôt ou ne payaient qu’une taxe légère