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mener une existence indépendante et à guerroyer de côté et d’autre, ils avaient souvent besoin de l’appui de leurs voisins arabes. Quand ceux-ci, sur l’ordre de Mahomet, ne voulurent plus contracter d’alliance avec eux, ils restèrent seuls exposés aux coups de leurs ennemis.

Dans leur haine pour Mahomet, les Benou-Nadhir cherchèrent à le tuer par ruse. Un jour, ils l’invitèrent à venir les voir dans leur fort de Zouhara, avec l’intention de le précipiter du haut des remparts ; leur chef était alors Houyey ibn Akhtab. Mahomet accepta leur invitation, mais il devina à temps les mauvais desseins de ses hôtes et s’enfuit à Médine. Il ne tarda pas à se venger cruellement des Benou-Nadhir. Placés dans l’alternative de se convertir à l’islamisme ou d’émigrer en masse, ils se décidèrent, sur l’instigation d’Abdallah ibn Oubey, qui leur promit de venir à leur aide, à accepter la lutte, et se retirèrent dans leurs châteaux. Les secours annoncés n’arrivant pas, ils durent capituler. Mahomet leur laissa la vie sauve, mais à condition de lui livrer leurs armes, de quitter leurs forts et de n’emporter de leurs biens que ce qu’ils pouvaient charger sur un chameau. Ils partirent au nombre de six cents et allèrent s’établir, les uns au milieu de leurs frères de Khaïbar, les autres près de Jéricho et à Adraat (juin-juillet 625). Plus tard, Mahomet justifia cette guerre dans la révélation suivante : « Tout ce qui est dans les cieux et sur la terre chante les louanges de Dieu ; il est le Puissant, le Sage. C’est lui qui a fait sortir de leurs demeures les infidèles parmi les gens de l’Écriture pour rejoindre ceux qui ont déjà émigré (les Kainukaa). Vous ne croyiez pas qu’ils partiraient, eux-mêmes pensaient que leurs forteresses les protégeraient contre Dieu. Mais Dieu les a attaqués du côté où ils ne s’y attendaient pas ; il a jeté la terreur dans leur cœur, et ils ont contribué autant que les croyants à la destruction de leurs maisons. »

Ceux des Benou-Nadhir qui étaient restés en Arabie essayèrent d’organiser une coalition contre Mahomet. Trois d’entre eux, Houruyey, Kinanah ibn-ar-Rabia et Sallam ibn Mirchkam, s’efforcèrent de décider les Koraïschites de La Mecque, la puissante tribu des Ghatafan et d’autres Arabes à unir leurs forces contre l’orgueilleux prophète ; ils réussirent dans leur entreprise. Il leur