Nous croyons et à ce qui vous a été révélé et à ce qui nous a été a révélé. Notre Dieu est le même que le vôtre et nous lui sommes entièrement soumis. » Peu à peu, leurs relations se tendirent. D’un côté, les Juifs s’efforcèrent de provoquer des défections parmi ses adhérents, et ils parvinrent à exciter contre lui l’homme le plus considérable de Médine, le khazradjite Abdallah ibn Oubey, qui était sur le point d’être élu chef de la ville et que l’arrivée de Mahomet avait remis dans l’ombre ; jusqu’à ses derniers jours, il resta l’adversaire implacable de Mahomet. D’autre part, les partisans du prophète lui demandèrent avec instance de se prononcer nettement au sujet du judaïsme. Voyant que ses amis juifs continuaient à s’abstenir de manger de la chair de chameau et à suivre les autres pratiques juives, ils lui dirent : « Si la Tora est un livre divin, pourquoi ne nous obliges-tu pas à en observer les prescriptions ? » Mahomet était trop imprégné des sentiments et des idées arabes pour embrasser la religion juive, il savait aussi que les Arabes ne se soumettraient que très difficilement aux pratiques sévères du judaïsme. Il se décida donc à rompre avec les Juifs. Pour bien marquer cette rupture, il les invectiva dans une longue soura (la soura de la vache), et il décida qu’à l’avenir les musulmans ne se tourneraient plus, pendant la prière, comme auparavant, vers Jérusalem, mais vers La Mecque et le temple de la Kaaba. Le jeûne Ashura qu’il avait établi à la fête juive de l’Expiation fut aboli et remplacé par le jeûne du Ramadhan, mois qui, de temps immémorial, était sacré pour les Arabes. Mahomet supprima encore d’autres usages juifs qu’il avait recommandés précédemment. Les Juifs n’étaient plus pour lui de vrais croyants, adorateurs du Dieu-Un, mais des incrédules qui vénéraient Ezra (Ozaïr) comme fils de Dieu, et des menteurs qui avaient effacé de la Tora les passages qui annonçaient la venue de Mahomet comme prophète.
Mahomet craignit cependant de traduire déjà sa haine en actes, son influence n’était pas encore considérable, et les Juifs, alliés à quelques tribus arabes, étaient bien supérieurs en nombre à ses partisans. Son audace augmenta après la bataille de Bedr (hiver 624), où il défit la puissante tribu des Koréïschites. L’humble apôtre se transforma alors en un violent despote qui ne recu-