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Collège sur des lois traditionnelles. Dans des cas nombreux, la majorité du Synhédrin se tint à égale distance des principes de Schammaï et de ceux de Hillel, elle ne se prononça « ni dans un sens ni dans l’autre. » Pour d’autres questions, il fut établi que Hillel lui-même ou ses disciples avaient renoncé à leurs doctrines pour adopter celles de Schammaï. Ces témoignages sur des pratiques religieuses furent recueillis et probablement mis par écrit. Ce recueil porte le nom de Adoyot (témoignages) ou Behirta (choix) ; il est certainement la plus ancienne collection de lois. Les lois y sont énoncées sous la forme primitive et incorrecte de la tradition, se suivent sans aucun ordre et n’ont très souvent entre elles d’autre lien commun que le nom du docteur qui les a transmises.

Deux questions d’un intérêt capital furent encore examinées le jour de la convocation des témoins. Un païen, d’origine ammonite, se présenta devant les docteurs et demanda si la loi leur permettait de l’accueillir comme prosélyte. Gamaliel, fidèle au texte de la Thora, repoussa sa demande : « Les Moabites et les Ammonites ne seront pas admis dans la communauté de Dieu, dit l’Écriture sainte, ils n’y seront même pas reçus à la dixième génération. » La discussion fut vive et Gamaliel s’efforça de faire adopter son opinion. Josua combattit cette doctrine ; d’après lui, la défense de la Thora n’était plus applicable au temps d’alors, où il n’y avait plus en réalité de vrais Ammonites, parce qu’à la suite des invasions des conquérants asiatiques, les races s’étaient croisées et mêlées entre elles. La deuxième question concernait la sainteté de Kohélet et de Sckir haschirim (Cantique des Cantiques), ouvrages attribués au roi Salomon. L’école de Schammaï avait déclaré que ces deux livres étaient profanes. Le Synhédrin, qui ne voulait pas admettre sans examen les opinions des Hillélites, reprit la vieille querelle au sujet de la sainteté de ces deux livres. Mais il ne ressort pas clairement de la discussion quelle décision fut prise en ce moment. Ce ne fut que plus tard qu’on admit ces deux ouvrages dans le Canon biblique et qu’on en exclut d’autres, écrits en langue hébraïque, comme apocryphes, tels que les Proverbes de Sirah, le premier livre des Macchabées, et d’autres encore.