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été déjà victime de ta sévérité ? » cria-t-on au patriarche. Le Conseil s’érigea en tribunal et déclara Gamaliel déchu de sa dignité de Nassi. Avec son patriarcat disparurent certaines mesures qui avaient soulevé une vive opposition au moment où Gamaliel les avait établies ; le gardien placé à l’entrée de l’école fut éloigné, et liberté complète fut accordée à tous d’assister aux conférences des docteurs.

Les principaux auteurs de cette révolution s’occupèrent immédiatement d’élire un nouveau patriarche. Pour ne pas mortifier Gamaliel, ils eurent la sagesse de ne pas nommer Josua, son principal adversaire. Éliézer aurait mérité d’être élevé à cette dignité ; il ne put pas y être appelé parce qu’il était excommunié. Akiba semblait digne, par son esprit et son caractère, de cette haute position. Pauvre et ignorant dans sa jeunesse, il s’était livré plus tard avec ardeur à l’étude de la Loi, avait su conquérir rapidement le titre de maître et était entouré de l’estime et du respect des plus anciens docteurs. Mais sa célébrité était de date trop récente et il était d’origine très obscure, tandis qu’il fallait descendre, paraît-il, d’une longue suite d’aïeux illustres pour être élevé au patriarcat. Le Collège choisit comme chef un des plus jeunes docteurs, Éléazar ben Azaria. Les principaux titres d’Éléazar à cette haute distinction étaient d’abord la noblesse de sa famille qui remontait jusqu’à Ezra, le restaurateur du judaïsme, ses immenses richesses et son crédit auprès des autorités romaines. Mais Éléazar avait aussi une grande valeur personnelle, et l’élévation de son caractère le rendait réellement digne de succéder à Gamaliel. Quoiqu’il en soit, cette révolution eut des conséquences considérables, et le jour où ces événements eurent lieu parut si mémorable aux yeux de la postérité qu’elle le désigna par ces seuls mots : en ce jour-là. Il semble que le Synhédrin, sur la proposition de Josua, soumit, en ce même jour, à un nouvel examen et à une nouvelle délibération toutes les questions que Gamaliel avait fait résoudre conformément aux doctrines de Hillel. Et, pour que cet examen pût être sincère et complet, le Collège, composé de 72 membres, recueillit les témoignages de tous ceux qui avaient reçu quelque tradition. L’histoire a conservé le nom de vingt témoins qui se sont ainsi prononcés devant ce