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jetaient leurs têtes par-dessus les murs ; 2 000 Juifs, dit-on, furent ainsi massacrés. Les assiégeants, effrayés des terribles représailles des chrétiens, se retirèrent.

Pendant quatorze ans, les Juifs furent de nouveau maîtres de la Palestine. Un grand nombre de chrétiens, doutant de l’avenir de leur religion ou craignant d’être maltraités par les Juifs, se convertirent au judaïsme. Une conversion fit surtout grand bruit, ce fut celle d’un moine. Enfermé depuis des années dans un couvent, sur le mont Sinaï, il eut tout à coup des songes qui lui firent croire que sa religion était fausse. D’un côté, il vit le Christ, les apôtres et les martyrs, enveloppés d’un sombre nuage, et de l’autre, Moïse, les prophètes et les saints d’Israël brillant d’un éclat lumineux. Longtemps il hésita sur la détermination à prendre. Enfin, fatigué de cette lutte intérieure, il descendit du Sinaï, traversa le désert, arriva en Palestine et se rendit à Tibériade, où il annonça aux Juifs sa résolution de se convertir. Il se fit circoncire, prit le nom d’Abraham, se maria avec une juive et devint un vaillant défenseur de sa nouvelle religion et un adversaire résolu du christianisme.

Cependant, les espérances que les Juifs avaient fondées sur le triomphe des Perses ne se réalisèrent pas. Les vainqueurs ne rendirent pas à leurs alliés la ville de Jérusalem, comme ceux-ci y avaient compté, ne leur permirent pas d’organiser leurs communautés en associations indépendantes, et les chargèrent probablement d’impôts. Par suite de ces déceptions, un certain mécontentement se fit jour parmi les Juifs de la Palestine ; les plus remuants furent exilés en Perse. Il se produisit alors un revirement dans les esprits ; les Juifs se rapprochèrent de l’empereur Héraclius. Attentif à profiter de tout ce qui pouvait affaiblir les Perses, Héraclius encouragea les Juifs à se détacher des Perses, et, probablement après une entente préalable avec Benjamin, de Tibériade, il conclut une alliance avec eux, leur promettant l’impunité pour le mal qu’ils avaient fait aux chrétiens et leur assurant encore d’autres avantages (vers 627).

Grâce à ses victoires, grâce aussi à la révolte de Siroès contre son père Kosru, Héraclius reconquit toutes les provinces dont l’armée perse s’était emparée. À la suite du traité que l’empe-