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Détesté de ses sujets, qu’il maltraitait, vaincu par les ennemis de la Perse, qui réussirent à s’emparer de plusieurs provinces, Hormisdas vit son pouvoir battu en brèche de tous côtés. Il fut d’abord vaillamment soutenu par le général Bahram Tschubin ; il récompensa son défenseur de ses services en le destituant. Bahram, irrité, se révolta contre son roi, le précipita du trône et le fit enfermer dans un cachot, où il fut tué (589). Bahram gouverna d’abord la Perse au nom du roi Kosru, bientôt il jeta le masque et s’assit lui-même sur le trône de Perse. Sous son règne, les Juifs de la Perse et de la Babylonie furent très heureux, il les traita avec bienveillance et les autorisa à rouvrir les écoles de Sora et de Pumbadita (589). Ils lui témoignèrent leur reconnaissance en lui fournissant des hommes et de l’argent. Sans les Juifs, il n’aurait certes pas pu rester au pouvoir, car le peuple perse était demeuré fidèle au roi légitime Kosru ; les troupes seules soutenaient Bahram, et les Juifs contribuaient en grande partie à l’entretien de ces troupes. Le règne de Bahram ne fut pas de longue durée ; Kosru revint dans son royaume avec une armée que lui avait fournie l’empereur byzantin Maurice et à laquelle se joignirent un grand nombre de Perses. Bahram fut battu et obligé de se réfugier chez les Huns. Les Juifs payèrent de la mort leur dévouement à la cause de l’usurpateur. À la prise de Mahuza, le général perse Mebodès fit passer par les armes la plupart des habitants juifs de la ville.

Kosru II (590-628) ressemblait plus à son grand-père Nuschirvan qu’à son père Hormisdas. D’un caractère très doux, il pardonna aux Juifs leur fidélité envers Bahram et laissa subsister les deux écoles de Sora et de Pumbadita. À la tête de la première se trouvait d’abord, à cette époque, Hanan, et ensuite Mari bar Mar, à la tête de la seconde, Mar bar Huna (de 609 jusque vers 620). Ils eurent pour successeurs : Haninaï, à Pumbadita, et Hanania à Sora. Ces deux docteurs assistèrent encore à la chute de la puissance perse et au triomphe des Arabes. Dans les dernières années de la domination des Perses, la tranquillité des Juifs ne fut pas troublée, les derniers rois sassanides, dont cinq se succédèrent au trône dans un espace de cinq ans, étaient trop préoccupés de leur propre sécurité pour songer aux Juifs ; ils laissèrent ces der-