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plir les caisses de l’État. Pendant son long règne, les Juifs vécurent tranquilles, les communautés se réorganisèrent, les écoles se rouvrirent et les docteurs qui avaient pris la fuite revinrent en Babylonie. Guiza, qui avait cherché un refuge près du fleuve Zab, fut placé à la tête de l’école de Sora, et Simuna à la tête de l’école de Pumbadita. Ces docteurs s’appliquèrent à attirer dans les écoles de nombreux disciples, à relever l’enseignement religieux et à reprendre l’étude du Talmud ; ils continuèrent aussi, selon l’ancien usage, à réunir autour d’eux des auditeurs, pendant les mois d’Adar (mars) et d’Ellul (septembre), pour leur transmettre la tradition, les initier à l’enseignement et leur indiquer quelques questions à élucider par leurs propres recherches. Mais la force créatrice était épuisée chez les disciples des derniers Amoraïm ; ils n’ajoutèrent presque plus rien à la partie déjà existante du Talmud, ils fixèrent seulement d’une façon définitive de nombreux points du rituel, du droit civil et du droit matrimonial qui n’avaient pas encore été résolus ou sur lesquels les diverses écoles n’étaient pas d’accord. Les juges avaient besoin de lois certaines pour les appliquer dans les cas donnés, et les particuliers de prescriptions claires pour pouvoir les mettre en pratique. Les docteurs de cette époque s’efforcèrent de satisfaire à cette nécessité en établissant des règles fixes là où régnaient l’indécision et l’incertitude. De là, leur nom de Saboraïm, c’est-à-dire ceux qui examinent le pour et le contre pour fixer les lois religieuses et les lois civiles. Les Saboraïm, qui poursuivirent un but tout pratique, commencèrent leur tâche immédiatement après la clôture du Talmud ; leur œuvre fut continuée par Guiza, Simuna et leurs collègues.

Guiza et Simuna mirent tout d’abord le Talmud par écrit ; ils utilisèrent, pour ce travail, et ce qu’ils avaient appris par la tradition et les notes écrites qu’ils avaient rédigées pour aider leur mémoire ; quand un passage leur semblait obscur, ils y ajoutaient des explications. Ce sont eux qui ont donné au Talmud la forme sous laquelle l’ont reçu les communautés contemporaines et les générations postérieures.

À cette époque naquit une science sans laquelle la Bible serait restée un livre fermé et qui ébranla la domination jusqu’alors absolue du Talmud. L’Écriture Sainte était presque complètement in-