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atteint l’âge d’homme, il prit les armes pour défendre les droits de la famille et de la propriété. Aidé de quatre cents vaillants compagnons, il attaqua les partisans de Mazdak, et réussit, selon toute apparence, à les chasser de la partie de la Babylonie habitée par les Juifs. D’après la chronique, il aurait accompli des exploits remarquables, il serait même parvenu à repousser les attaques des troupes que le roi avait envoyées pour réprimer l’insurrection, à conquérir l’indépendance des Juifs et à imposer un tribut aux habitants non juifs de la Babylonie. Mahuza, qui n’est pas loin de Ctésiphon, devint la capitale d’un petit État juif placé sous l’autorité de l’exilarque.

L’indépendance de cet État subsista pendant sept ans. Au bout de ce temps, la petite troupe juive fut battue par un corps d’armée perse et l’exilarque fait prisonnier. Ce dignitaire et son vieux grand-père, Mar-Hanina, furent exécutés et leurs corps mis en croix près du pont de Mahuza (vers 520). Les habitants de cette ville furent dépouillés de leurs biens et emmenés en captivité, la famille de l’exilarque s’enfuit en Judée, emmenant le jeune fils de ce dernier, qui était né après la mort de son père et portait également le nom de Mar-Zutra. Cet enfant était l’unique représentent de l’exilarcat, il grandit en Judée, où il se distingua plus tard par son enseignement. Ainsi, par suite des persécutions de Kavadh, la dignité d’exilarque demeura pendant un certain temps sans titulaire, les écoles furent fermées et les docteurs contraints de s’enfuir. Parmi les fugitifs se trouvaient Akunaï et Guiza ; ce dernier s’établit près du fleuve Zab. D’autres se rendirent sans doute en Palestine et dans l’Arabie. Les persécutions ne semblent pas avoir sévi dans toute la Perse, car, parmi les troupes de Kavadh qui se battirent contre le général byzantin Bélisaire, il se trouva des soldats juifs pour lesquels le général perse eut les plus grands égards, il demanda même un armistice pour leur permettre de se reposer pendant la fête de Pâque.

À la mort de Kavadh, les persécutions contre les Juifs babyloniens cessèrent. Son successeur, Kosroès Nuschirvan (531-579), imposa aux Juifs comme aux chrétiens une taxe dont les enfants et les vieillards seuls étaient exempts, mais il n’en agissait pas ainsi par haine ou par intolérance, il cherchait seulement à rem-