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violences fut Mazdak, prêtre du culte du feu, qui voulut réformer la religion des mages. Partant de ce principe que la cupidité et la concupiscence sont pour les hommes la source de tous les maux, il croyait assurer la victoire de la lumière sur les ténèbres, d’Ahura-Mazda sur Angro-Mainyus, en faisant disparaître ces deux passions ; en conséquence, il établit la communauté des biens et la communauté des femmes, il permit même les relations entre proches parents. À ses yeux, le communisme était la voie la plus sûre pour amener le triomphe de la doctrine de Zoroastre. Se montrant très désintéressé et menant une vie d’ascète, Mazdak acquit bientôt une grande influence sur une partie des Perses, et vers 501, il comptait de nombreux partisans. Ceux-ci avaient pris le nom de Zendik, c’est-à-dire vrais sectateurs du Zend, la religion de la parole sacrée. Le roi Kavadh protégea Mazdak et préconisa ses réformes, il décréta que tous les habitants de la Perse étaient tenus d’adopter les nouvelles doctrines et d’y conformer leur conduite. Les basses classes de la population, sans fortune, sans éducation et sans moralité, suivirent avec empressement la nouvelle religion de Mazdak ; elles s’approprièrent les biens des riches et s’emparèrent des femmes qui leur plaisaient. Il en résulta qu’à cette époque on ne savait plus distinguer entre le vice et la vertu, la propriété et le vol. Les grands du royaume détrônèrent Kavadh et le jetèrent en prison, mais il fut délivré et replacé sur le trône avec l’aide des Huns, et, de nouveau, il fit mettre en pratique les doctrines de Mazdak. Juifs et chrétiens eurent à souffrir de ces folies ; on les dépouilla de leurs biens et on leur prit leurs femmes. Les Juifs, qui avaient toujours attaché la plus haute importance à la pureté des mœurs et à la sainteté du mariage, paraissent avoir défendu par les armes l’honneur de leurs jeunes filles et de leurs épouses. Une révolte éclata, en effet, en ce temps, parmi les Juifs babyloniens, et il est bien probable que cette révolte était spécialement dirigée contre les tentatives communistes des Zendik. À la tête de ce mouvement se plaça le jeune exilarque Mar-Zutra II.

Mar-Zutra (né vers 496) était le fils de ce savant Huna qui, à la mort de Peroz, fut élevé à la dignité d’exilarque (488-508). Quand son père mourut, il était encore tout jeune. Dès qu’il eut