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Tout en ayant eu des maîtres juifs et trouvé la vérité hébraïque dans le texte original, Jérôme détestait profondément les Juifs, montrant ainsi à ceux qui lui avaient reproché son étude de l’hébreu comme une hérésie qu’il était resté orthodoxe. Ce sentiment de haine était partagé par un de ses plus jeunes contemporains, le Père de l’Église Augustin, et devint un article de foi, un dogme pour toute la chrétienté, qui acceptait comme paroles révélées tout ce que disaient les saints Pères de l’Église. C’est le fanatisme puisé dans les écrits des Pères de l’Église qui arma plus tard rois et peuples, croisés et pastoureaux contre les Juifs, fit élever des bûchers et inventer les plus horribles supplices. — Quoiqu’ils fussent haïs par les particuliers et méprisés par l’État, les Juifs de Césarée prenaient part aux jeux et divertissements à la mode : ils conduisaient des chars, concouraient dans l’arène pour le prix de course, arboraient la couleur verte ou bleue, comme cela se pratiquait à Rome, Ravenne, Constantinople et Antioche. Mais, à cette époque, les jeux mêmes prenaient un caractère confessionnel, la rivalité entre les différentes couleurs devenait une lutte religieuse, et la défaite ou le triomphe des conducteurs de char juifs, samaritains ou chrétiens donnaient lieu à des mêlées, souvent sanglantes, entre les coreligionnaires des vainqueurs et des vaincus.

Dans la Perse, où les Juifs avaient joui jusque-là d’une tranquillité à peine troublée par quelques vexations, ils commencèrent également, vers le milieu du (ve siècle, à être sérieusement persécutés. Le judaïsme de ce pays était devenu pauvre en personnalités remarquables, l’activité créatrice qui avait régné jusqu’alors dans les écoles déclinait visiblement, les docteurs se contentaient de répéter et de coordonner les opinions de leurs devanciers. L’histoire des Juifs de ce temps se meut dans des limites très étroites : on nomme des chefs d’école, ils enseignent, meurent et sont remplacés par d’autres. Un des savants les plus importants de cette époque fut Mar, fils d’Aschi, appelé également Tab-Yomè. Il se trouvait à Mahuza quand il fut informé que l’école de Sora venait de perdre son chef. À cette nouvelle, il se rendit immédiatement à Sora ; il y arriva au moment où les membres de l’académie étaient réunis pour élire le nouveau chef d’école. Invité à venir délibérer avec le Conseil sur l’élection d’Aha, il retint les