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rentrer ces contributions ; même les dons envoyés par les Juifs des provinces occidentales devaient être remis aux trésoriers impériaux (30 mai 429). La nouvelle Rome avait hérité de la rapacité de l’ancienne. De même que l’empereur païen Vespasien avait mis autrefois la main sur les sommes envoyées par les communautés juives pour le service du temple, de même l’empereur chrétien s’appropria les contributions payées pour l’entretien du patriarcat, imposant comme taxe obligatoire ce qui n’avait été payé jusque-là que comme don volontaire.

Et cependant, malgré la situation douloureuse des Juifs établis dans l’empire d’Orient, l’ardeur pour l’étude de la Loi n’était pas éteinte en Judée. On avait cessé, il est vrai, d’expliquer et de développer la loi orale, mais on s’efforçait de bien connaître la langue hébraïque et de comprendre le sens naturel (Peschat) des Écritures saintes. Cet enseignement avait pour principaux sièges les écoles de Tibériade et de Lydda. C’est dans ces deux villes qu’un des Pères de l’Église latine, saint Jérôme (331-420), qui fonda un couvent de nonnes à Bethléem, chercha des maîtres juifs pour étudier, comme Origène, la Bible dans le texte original. Un de ses maîtres fut Bar-Hanina. Comme les chrétiens se servaient de leur connaissance de la langue hébraïque pour combattre, les croyances juives, il avait été interdit, dans les derniers temps, aux savants juifs de leur enseigner cette langue. Afin de ne pas froisser les susceptibilités de ses coreligionnaires, Bar-Hanina se rendait secrètement auprès de Jérôme pour étudier la Bible avec lui. Jérôme fit rapidement des progrès remarquables, il n’apprit pas seulement à prononcer et à traduire correctement l’hébreu, il parvint à s’assimiler l’esprit même de la langue et à la parler. — Les Juifs de cette époque témoignèrent aussi d’un sens critique très développé dans la distinction qu’ils surent établir entre les livres canoniques et les apocryphes. Dans le désir de clore la discussion qui s’était élevée parmi les chrétiens sur la sainteté de quelques écrits d’un caractère douteux, le concile de Nicée avait donné place dans le Canon à plusieurs livres apocryphes. Les Juifs, dans leurs entretiens avec Jérôme sur la Bible, firent sur quelques-uns de ces apocryphes des observations dont les exégètes modernes reconnaissent encore aujourd’hui la justesse et la valeur.