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rends existant entre Juifs et chrétiens, de posséder des esclaves. Ce fut sous Théodose II que disparut définitivement l’institution du patriarcat. Le dernier patriarche, Gamaliel, jouit cependant d’un très grand crédit à la cour de l’empereur, il fut élevé à la dignité de préfet et obtint un diplôme d’honneur (codicillus honorarius). Il dut, sans doute, ces distinctions à ses connaissances médicales ; Gamaliel était, en effet, médecin, et on lui attribue la découverte d’un remède efficace contre les maladies de la rate. La situation élevée qu’il occupait lui fit croire qu’il pouvait se placer au-dessus des lois d’exception dirigées contre les Juifs, il fit construire de nouvelles synagogues, jugea des procès où étaient impliqués des chrétiens et viola d’autres édits de ce genre. Théodose II l’en punit en le dépouillant de ses diverses dignités et en ne lui laissant que les seuls privilèges attachés à son titre de patriarche (415).

Gamaliel n’eut pas de successeur. Avec lui disparut le dernier dignitaire appartenant à la maison de Hillel. Cette illustre famille avait dirigé, pendant trois siècles et demi, les destinées religieuses du judaïsme, elle avait fourni des docteurs remarquables et de vaillants défenseurs de la liberté et de la nationalité juive, et son histoire particulière forme un chapitre important de l’histoire générale des Juifs. De la maison de Hillel étaient sortis quinze patriarches, dont deux Hillel, trois Simon, quatre Juda et six Gamaliel.

Pendant que Théodose était empereur d’Orient et Honorius empereur d’Occident, l’évêque Cyrille, d’Alexandrie, expulsa les Juifs de cette ville. Après avoir convoqué tous les chrétiens, il leur tint des discours enflammés contre les Juifs, surexcita leur fanatisme, envahit avec eux les synagogues, dont il s’empara pour les consacrer au culte chrétien, les poussa au pillage et contraignit les Juifs à chercher leur salut dans la fuite (415). C’est ainsi que les chrétiens d’Alexandrie firent subir aux Juifs de cette ville le même sort qu’ils avaient enduré eux-mêmes 370 ans auparavant de la part des païens. Malgré l’énergie qu’il déploya pour défendre les Juifs, le préfet Oreste fut impuissant à réprimer l’émeute, il ne put que porter plainte contre Cyrille ; la cour de Constantinople donna gain de cause à l’évêque. Ce dernier se vengea d’Oreste avec une cruauté inouïe, il le livra à une bande de moines fanatiques du mont Nitra,