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autres fonctionnaires religieux juifs, à l’instar des ecclésiastiques chrétiens, de toute charge judiciaire. Enfin, par le décret de février 398, les Juifs furent autorisés à soumettre leurs différends, dans le cas où les deux parties y consentiraient, aux patriarches ou à d’autres arbitres juifs, et à remettre aux autorités romaines l’exécution de la sentence prononcée. Il ne faut pas trop s’étonner que, sous un gouvernement aussi capricieux que celui d’un empereur byzantin, on rencontre, à côté de ces lois libérales, une mesure intolérante : un édit, promulgué en 399, imposait à tous les Juifs, même aux dignitaires religieux, les charges curiales. Cette loi n’eût sans doute pas vu le jour sans la chute d’Eutrope, qui eut lieu en cette année.

Quelle fut, pendant ce temps, la situation des Juifs dans l’empire d’Occident, sous le faible Honorius ? Il est très difficile de le dire. Quoique les communautés juives d’Apulie et de Calabre eussent perdu, à cette époque, les libertés curiales, on ne peut pas en conclure que les Juifs, en général, aient été persécutés. Honorius défendit, il est vrai, en avril 399, dans toute l’étendue de son empire, la collecte de l’argent destiné au patriarche, et exigea que les sommes déjà recueillies fussent versées, dans le trésor impérial, mais cette mesure ne paraît pas avoir été inspirée par un motif religieux. Honorius voulait seulement empêcher que des sommes aussi considérables passassent de sa préfecture dans celle de son frère. Cinq ans plus tard (404), cette interdiction fut levée, et les Juifs purent de nouveau envoyer leurs offrandes au patriarche. Au reste, les lois relatives aux Juifs n’étaient pas toutes empreintes du même esprit ; si, d’une part, Honorius défendit aux Juifs et aux Samaritains de prendre part au service militaire, d’autre part, il les protégea efficacement contre l’arbitraire des fonctionnaires et leur donna une preuve remarquable de sa tolérance en défendant aux tribunaux de les faire comparaître le sabbat et les autres jours de fête (409).

Avec le règne du successeur d’Arcadius, Théodose II (408-450), qui était animé d’excellents sentiments, mais dont la faiblesse était pour les évêques fanatiques un encouragement à la violence, commença pour les Juifs la période du moyen âge. On leur défendit d’élever de nouvelles synagogues, de juger les diffé-