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la tradition ; il existait, en effet, dans la famille du patriarche, quelques traditions relatives aux calculs astronomiques. Hillel paraît, en tout cas, avoir utilisé le calendrier de Samuel.

L’oppression qui pesait sur les Juifs palestiniens contribua au développement du judaïsme en Babylonie. L’enseignement religieux prit dans ce pays un tel essor, qu’il effaça presque, par son éclat, le souvenir des anciennes écoles. Jusque-là, les docteurs de la Loi avaient suivi dans leur enseignement deux méthodes bien différentes, dont l’une consistait à transmettre les traditions religieuses telles qu’elles avaient été reçues, et l’autre, à déduire de ces traditions des lois nouvelles. Chacune de ces deux méthodes était représentée en Babylonie par une école spéciale : la première, par l’académie de Sora, et la seconde, par l’académie de Pumbadita. L’école de Sora ne faisait, en réalité, que continuer l’enseignement des écoles palestiniennes, et, tout en se distinguant des docteurs de la Judée par cette sagacité toute particulière aux Juifs babyloniens, elle ne contribua en rien au développement de la Loi religieuse. Il en fut tout autrement de l’école de Pumbadita : les dialecticiens pénétrants et subtils de cette ville exercèrent à cette époque une autorité incontestée dans la Babylonie et ses dépendances. Les trois principaux représentants de Pumbadita étaient Rabba et ses jeunes collègues Abaï et Râba.

Rabba bar Nahmani (né vers 270, mort en 330) était originaire de Mamal ou Mamala, ville de Galilée dont presque tous les habitants descendaient de la famille sacerdotale d’Héli ; ils prétendaient même que la malédiction prononcée par Dieu contre la postérité de ce grand-prêtre continuait à peser sur eux et qu’ils mouraient tous avant d’avoir atteint la vieillesse. Il paraît, en effet, que les vieillards étaient excessivement rares à Mamala. — Rabba avait trois frères, Kaïlil, Uschaïa et Hanania, tous pauvres. Les deux derniers, qui étaient retournés en Judée, vivaient misérablement de leur métier de cordonnier ; ils étaient mêmes obligés, faute d’autres clients, de confectionner des chaussures pour des prostituées. Tout en étant en relations fréquentes avec ces femmes, ils conservèrent des mœurs si pures et si austères qu’ils furent vénérés comme « des saints du pays d’Israël ». Uschaïa et Hanania se laissèrent séduire par les charmes de l’Aggada ; leur frère Rabba,