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dans le sang, Ursicinus continua à faire rechercher et à châtier ceux qui y avaient participé ; il se montra particulièrement cruel pour les habitants de Sépphoris. Ceux-ci, pour échapper à leur ennemi, cherchaient à se rendre méconnaissables en s’appliquant un emplâtre sur le nez. Cette ruse leur réussit pendant quelque temps, mais elle fut bientôt divulguée aux autorités romaines. Ceux qu’on arrêtait étaient impitoyablement tués. Un grand nombre de rebelles se cachèrent dans les souterrains de Tibériade. « Dans les souterrains de Tibériade, dit Huna II, où nous avions cherché un refuge, nous étions munis de torches ; quand leur lumière pâlissait, nous reconnaissions qu’il faisait jour, et quand elle était brillante nous savions que la nuit était arrivée. » Ces paroles prouvent que les fugitifs se tinrent assez longtemps enfermés dans leur cachette.

Peu de temps après sa victoire sur les Judéens, Ursicinus tomba en disgrâce (354) et Gallus fut tué par ordre de l’empereur Constance. Ces événements ne modifièrent pas la situation des Juifs, qui continuèrent à être persécutés comme hérétiques. On les accusa même d’être athées, parce qu’ils ne reconnaissaient pas la divinité de Jésus, et on promulgua cette loi (357) : que tout chrétien qui entre dans la communauté des blasphémateurs juifs encourt la confiscation de tous ses biens. Les impôts, qui pesaient déjà d’un poids très lourd sur les Judéens, furent considérablement augmentés, sous prétexte que des athées et des blasphémateurs ne méritaient ni protection, ni pitié. D’un autre côté, la collecte des impôts payés par les Juifs pour subvenir aux frais du patriarche fut ou allait être interdite.

Les épreuves douloureuses que traversèrent les Judéens engagèrent le patriarche de cette époque, Hillel, à faire adopter une mesure qui montre qu’il plaçait l’intérêt public bien au-dessus de son propre intérêt. Jusqu’alors, les calculs relatifs à la fixation des néoménies et des années embolismiques étaient tenus secrets, et la date des fêtes était annoncée aux diverses communautés par des messagers que le synhédrin envoyait dans les villes voisines de la Judée. Ce système ne pouvait plus être appliqué sous Constance, les communautés du dehors étaient donc incertaines sur les dates des fêtes. Pour remédier à cet état de choses, Hillel II