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combats contre le roi des Perses, Schabur II, qui n’avait attendu que la mort de Constantin pour attaquer l’empire romain. Les légions de Constance furent défaites dans plusieurs rencontres, les Perses passèrent l’Euphrate et répandirent la terreur jusqu’à Antioche. Un autre ennemi menaçait l’empire, c’étaient les Sarrasins, tribu barbare, établie sur les frontières de l’Europe et de l’Asie, qui faisait de fréquentes incursions sur le territoire romain. Comme la possession de la Terre Sainte avait une importance considérable pour Constance, qui était le premier empereur réellement chrétien, il y fit stationner des légions, sous le commandement du général Ursicinus. Ces soldats, cantonnés dans les villes de la Judée, logeaient chez les habitants juifs, contraints par un ordre spécial d’Ursicinus à se soumettre à toutes les exigences de leurs hôtes et, par conséquent, à enfreindre très souvent les prescriptions de leur religion. Ainsi, ils étaient obligés de cuire du pain pour les soldats les jours de sabbat et pendant la fête de Pâque. Pour tranquilliser la conscience de ceux qui éprouvaient des scrupules à observer cet ordre, les deux principaux docteurs de Tibériade, Jona et José, enseignèrent qu’il était permis de cuire du pain le jour du sabbat pour l’armée, et les docteurs de Nevé, ville de la Gaulanite, autorisèrent également les communautés juives à cuire du pain pendant Pâque pour les soldats romains. Outre les vexations que le général Ursicinus et ses légions faisaient supporter aux Judéens de la Palestine, ces derniers, pour la plupart très pauvres, étaient soumis à des impôts fort lourds : ils devaient fournir du blé et du bétail, payer la capitation ou taxe judaïque, la patente et des amendes de toute sorte. Les prédicateurs se firent l’écho des plaintes que ces charges arrachaient aux Judéens. « Nous ressemblons, dirent-ils, sous la domination d’Édom, à un vêtement accroché à un buisson ; le détache-t-on d’un côté, les épines le retiennent de l’autre. Avant que nous ayons fini de payer les impôts en nature, on vient réclamer la capitation ; cette taxe est-elle payée, on exige le tribut. » — « L’Impie Ésaü a recours aux plus méchants artifices pour maltraiter Israël. » — « Tu as tué et volé. » — « C’est faux ! » — « Désigne-nous ton complice, livre-nous ce que tu as à fournir pour l’armée, paye ta capitation et les autres impôts que tu dois. »

L’empereur Constance prit encore une autre mesure vexatoire