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CHAPITRE IX


le triomphe du christianisme et les judéens
(320-375)


L’époque qui, dans l’histoire des peuples, fut marquée par le triomphe du christianisme, vit aussi la ruine de la religion païenne et la décadence du judaïsme en Palestine. Secte longtemps haïe et persécutée, mais opiniâtre et envahissante, les chrétiens désarmaient leurs ennemis en les convertissant à leurs croyances. Le paganisme, fondé sur le mensonge et l’immoralité, céda peu à peu la place à la nouvelle doctrine, qui avait dû faire, il est vrai, des concessions considérables aux idées païennes, mais qui avait une conception plus élevée de la Divinité et était, au moins en théorie, plus pure et plus morale que toutes les religions que les Romains avaient connues jusque-là. Ce fut le temps de la décadence de l’Italie et de Rome, sa capitale, et aussi, par une coïncidence singulière, de la Judée et de Tibériade, ville qui occupait alors, dans la Terre Sainte, la place de Jérusalem. Les exploits glorieux qui avaient illustré ces deux pays n’étaient plus que de pâles souvenirs, le temps commençait à les envelopper de son ombre ; ils étaient cependant encore assez présents à la mémoire des Judéens et des Romains pour leur inspirer un ardent enthousiasme et une vigoureuse énergie. Le triomphe du christianisme eut pour la Judée comme pour l’Italie les plus funestes conséquences ; en devenant la religion officielle de l’empire romain, il eut à son service la hache des licteurs et l’épée des légionnaires, et il usa de son pouvoir pour étouffer toute activité intellectuelle parmi les Judéens. L’école de Tibériade perdit son prestige, les élèves cessèrent d’y venir.

Pendant que le judaïsme babylonien florissait sous la direc-