qui abandonnaient la Babylonie pour fréquenter les écoles de la Palestine. Juda fonda à Pumbadita une académie, qui, après la destruction de Nehardea, joua, dans le nord de la Babylonie, un rôle aussi considérable que l’école de Sora dans le sud.
Chez Juda ben Yehesquêl, comme, en général, chez ses compatriotes, le sentiment était subordonné à la raison ; il ne consacrait qu’un jour par mois à la prière, et le reste du temps il s’adonnait à l’étude. Mar-Samuel l’avait déjà surnommé « le sagace » ; il créa cette dialectique fine et pénétrante qui avait régné autrefois, pendant un certain temps, dans les écoles de la Palestine, et qui fut poussée jusqu’aux dernières limites de la subtilité dans les écoles babyloniennes. Dans son enseignement, il s’occupait exclusivement des questions de droit, parce qu’elles lui fournissaient l’occasion de supposer les cas les plus variés, de faire les déductions les plus étonnantes et les applications les plus imprévues, et il laissa totalement de côté les parties de la Mischna qui traitaient des lois de la pureté lévitique ou d’autres prescriptions qui n’avaient plus d’utilité pratique dans son temps. Aimant surtout la clarté et la précision, il ne se contentait pas, quand il rapportait une tradition, de la faire simplement connaître, il désignait en même temps le docteur qui l’avait enseignée. Cependant son frère Rami (R. Ami) l’accusa de donner souvent des indications inexactes : « N’adoptez pas, dit-il quelquefois, ces décisions, telles que mon frère les rapporte au nom de Rab ou de Samuel : ces docteurs les ont formulées autrement. » Rami se mit encore, dans une autre circonstance, en opposition avec Juda. Celui-ci avait défendu sévèrement de quitter la Babylonie et même déclaré que les exilés avaient commis un péché grave en retournant en Palestine avec Zérubabel et Ezra, malgré le conseil que le prophète Jérémie leur avait donné de rester en Babylonie. Rami ne tint nul compte de l’opinion de son frère, et se rendit en Judée.
On a vu plus haut que Juda attachait une très grande importance à la pureté de race ; il poussa les scrupules, sur ce point, si loin qu’il empêcha pendant longtemps son fils Isaac de se marier, par crainte que la femme qu’il épouserait ne fût pas d’une origine absolument pure. Son ami Huna lui en fit le reproche en lui disant avec une grande justesse : « Sommes-nous bien sûrs de ne pas