Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 3.djvu/189

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

s’élève au-dessus de l’horizon étroit et borné de la législation écrite.

Aurélien triompha de la résistance acharnée de Zénobie et mit fin au règne brillant (267-273) de cette vaillante impératrice ; elle fut emmenée à Rome, attachée au char de triomphe du vainqueur. Johanan vit encore la réalisation du vœu qu’il avait exprimé contre Tadmor, il mourut quelques années après (279).



CHAPITRE VIII


le patriarcat de gamaliel IV et de juda III
(280-320)


L’époque où s’accomplit un des événements les plus mémorables de l’histoire, c’est-à-dire le triomphe du christianisme et son avènement au trône impérial, marqua le déclin du judaïsme dans son pays d’origine. Le centre de la pensée juive se déplaça de la Palestine en Babylonie, et la Judée ne fut plus bientôt qu’une relique qu’on vénère pour les souvenirs qui s’y rattachent. Les écoles dirigées par les successeurs de Hanina, de Johanan et de Resch Lakisch étaient fréquentées par de nombreux élèves babyloniens, pour lesquels la Judée gardait un puissant attrait. Parmi les chefs d’école, beaucoup étaient sans notoriété, et les plus considérables d’entre eux, Ami, Assi, Hiyya ben Abba et Zeïra étaient originaires de la Babylonie. Abbabu, esprit très original, était né, il est vrai, en Judée, mais il n’avait aucune autorité dans les questions de casuistique. La supériorité de la Babylonie en matière religieuse était si bien établie que Ami et Assi se soumirent spontanément à l’autorité du successeur de Rab. Les jeunes écoles de la Babylonie surpassèrent leurs aînées de la Palestine, Sora et Plumbadita éclipsèrent Sépphoris et Tibériade. Les patriarches mêmes de cette époque, Gamaliel IV et Juda III, n’avaient qu’une autorité très restreinte dans les