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À l’époque dont il s’agit, c’est-à-dire vers le milieu du (iiie siècle, se produisirent dans l’empire romain et les pays parthes des événements politiques d’une extrême gravité, qui changèrent complètement la situation de ces deux États et exercèrent une profonde influence sur l’histoire des Judéens. Pendant que l’empereur Alexandre Sévère dirigeait les destinées de Rome, la famille des Arsacides, qui régnait depuis quatre siècles sur les Parthes, fut renversée du trône ; une nouvelle dynastie s’empara du pouvoir et introduisit d’importantes modifications dans l’administration intérieure comme dans la politique extérieure. L’auteur de cette révolution fut Ardechir, d’origine persane. Soutenu par le parti national persan, qui haïssait les Arsacides parce qu’ils témoignaient une prédilection marquée pour la civilisation grecque, dédaignaient le culte de Zoroastre et s’étaient toujours montrés impuissants à repousser les attaques des Romains, Ardechir marcha contre Artaban, le dernier descendant des Arsacides et l’ami de Rab, le battit, le détrôna et fonda la nouvelle dynastie royale des Sassanides. Rab s’affligea vivement de cet événement. À la nouvelle de la mort d’Artaban, il s’écria amèrement : « Le pacte est rompu ! » Il craignait que le changement de dynastie n’amenât une guerre civile, que le pays, déchiré par les luttes intestines, ne devînt facilement la proie des Romains et que les Judéens ne perdissent la semi-indépendance dont ils jouissaient. Le parti qui vint au pouvoir avec Ardechir porte dans l’histoire le nom de néo-Perses et dans les documents juifs celui de Hèbrim (Hèbré) ; il en reste encore aujourd’hui quelques débris sous le nom de Guèbres. Les Arsacides s’étaient montrés assez indifférents pour le culte du feu ; Ardechir, au contraire, témoigna pour cette religion un zèle fanatique ; il s’intitula orgueilleusement : Adorateur de Hormuz, divin Ardechir, roi des rois d’Iran, d’origine céleste. Il réunit les fragments qui subsistaient encore du Zend-Avesta, le recueil des lois persanes, et les fit adopter comme lois religieuses. — On enseigna partout la doctrine de Zoroastre sur le double principe de la lumière et des ténèbres (Ahura-Mazda et Angrimainyus) ; les mages, qui formaient la caste sacerdotale de ce culte, redevinrent tout-puissants, ils sévirent contre les hellénisants par le fer et le feu. Leur intolérance se manifesta égale-