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nan ben Zakkaï donnait de ce verset était inspirée au contraire de la plus noble bienveillance. De même que les sacrifices rachètent les fautes d’Israël, de même la bonté et la charité rachètent les fautes des autres nations. Les efforts de Johanan pour apaiser les esprits agirent d’une façon très heureuse sur Vespasien et Titus, et ce fut probablement pour récompenser ces efforts que les deux empereurs Flaviens traitèrent les Judéens avec une certaine douceur, même après qu’ils se furent soulevés dans la Cyrénaïque et en Égypte, et protégèrent les communautés judaïques contre toute persécution. Pour eux, Johanan était en quelque sorte le garant des dispositions pacifiques de ses coreligionnaires.

Autour de Johanan, chef et âme de l’école, étaient encore groupés quelques autres docteurs de la Loi, qui, au moment de la chute de l’État juif, étaient déjà fort avancés en âge ; ils appartiennent donc à la génération de Johanan et faisaient probablement partie du Synhédrin de Jabné. La plupart d’entre eux ne sont connus que par leur nom et quelques rares détails de leur vie. Hanina, suppléant de plusieurs grands prêtres (Segan hakohanim) rapportait des traditions concernant les cérémonies du temple. Il appartenait au parti des amis de la paix et exhortait ses contemporains à prier pour le salut de l’État romain. Seule, dit-il, la crainte inspirée par le pouvoir empêche les hommes de se dévorer entre eux. Un autre docteur de cette époque était Zadok, disciple de Schammaï, qui, prévoyant la destruction du temple, avait jeûné pendant plusieurs années pour détourner ce malheur. Il y avait encore Nahum de Guimzo (Emmaüs) et Nekunia ben Hakkana. La légende a fait du premier le héros de plusieurs aventures merveilleuses, le nom même de son lieu d’origine a donné lieu à une interprétation aggadique et est devenu, dans cette explication, une formule que Nahum répétait dans certaines circonstances : Cela aussi sera pour le bien (Gam zu l’ioba). Nahum, d’après la légende, est un homme qui s’est trouvé dans toutes sortes de fâcheuses situations d’où il s’est toujours tiré avec un grand bonheur.

Nahum se servit d’une méthode particulière pour tirer les lois orales du texte sacré. Il établit comme principe que le législateur