Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 3.djvu/175

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les rapports des exilarques avec le peuple, ils nous apprennent que le Resch Galuta était le juge supérieur des communautés non seulement pour les affaires civiles, mais encore pour les questions pénales ; il rendait la justice lui-même ou en confiait l’administration à un suppléant. Comme moyen de coercition envers les indociles, il employait la bastonnade. Il avait aussi dans ses attributions la police des villes, l’inspection des poids et mesures, la surveillance des canaux et le soin de veiller à la sûreté générale ; il nommait des fonctionnaires spéciaux à ces divers emplois.

Au commencement, les exilarques ne paraissent pas avoir été payés par le peuple, il est probable que, selon l’ancien usage de l’Asie, on leur offrait des présents ; plus tard, seulement, il est question de ressources régulières que certaines villes mettaient annuellement à leur disposition. En public, on leur accordait des honneurs qui n’étaient rendus qu’aux souverains de la maison de David. Ainsi, dans la synagogue, ils se tenaient dans une tribune élevée qui leur était spécialement destinée, et, quand ils étaient appelés à lire un chapitre de la Tora, le rouleau de la Loi était apporté à leur place. Les revenus de leurs immenses domaine étaient très élevés ; ils avaient à leur service de nombreux esclaves et d’autres serviteurs, même des hommes libres invoquaient leur patronage, et, pour indiquer qu’ils appartenaient à l’exilarque, ils portaient sur leurs vêtements les armes de leur maître. Les exilarques exigeaient de leurs clients qu’ils portassent ces insignes, ils ne permettaient même pas aux savants pauvres qu’ils entretenaient de les déposer ou de les cacher. Le pouvoir du Resch Galuta était considérable, et, comme il n’était pas suffisamment réglé ni limité par des lois ou des usages, il dégénérait quelquefois en despotisme. Aussi se plaignait-on souvent de l’arbitraire, des abus et des violences des exilarques ou de leurs serviteurs ; ils dépossédaient, par exemple, des chefs d’école et en nommaient d’autres, moins dignes, à leur place. Mais quel pouvoir s’est jamais tenu dans les limites de la modération et de la justice ?

À l’époque où l’enseignement de la Loi n’était pas encore organisé dans la Babylonie, l’ignorance des exilarques en matière religieuse était telle qu’on transgressait dans leur maison, en toute