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les seigneurs du pays consistait à payer certains impôts, la taxe personnelle (Charage) et l’impôt foncier (Taska). Il y avait encore à ce moment dans la région de l’Euphrate de nombreuses terres sans maîtres ; ceux qui s’engageaient à en payer l’impôt foncier pouvaient se les approprier.

Les Judéens avaient leur chef politique, le prince de l’exil (Resch Galuta), qui était un des hauts fonctionnaires de l’empire perse et occupait, dans la hiérarchie des dignitaires, le quatrième rang après le souverain. Le Resch Galuta était, en quelque sorte, un vassal de la couronne de Perse ; le monarque ne le nommait pas lui-même, il confirmait seulement son élection. Les marques de sa dignité consistaient en une tunique de soie et une ceinture en or. Plus tard, les exilarques déployèrent un luxe princier ; ils sortaient dans des voitures richement ornées, escortés d’une garde du corps et précédés d’un héraut chargé d’annoncer leur passage. Chaque fois que le roi leur accordait une audience solennelle, ils étaient reçus avec le plus profond respect par les serviteurs royaux, et ils parlaient librement au souverain des questions dont ils avaient à l’entretenir. Selon la coutume des princes orientaux, ils faisaient exécuter de la musique à leur lever et à leur coucher, ce que certains docteurs blâmèrent comme un oubli de la destruction de Jérusalem.

Les exilarques descendaient de la maison de David, le peuple supportait volontiers leur domination parce qu’il se sentait honoré en leur personne. Ces dignitaires faisaient remonter leur origine à Zérubabel, le petit-fils du roi Joïakin, qui serait, d’après certains documents, revenu à Babel et devenu le chef d’un grand nombre de familles. C’est au (iie siècle que nous voyons pour la première fois l’exilarcat occupé par un homme d’une origine obscure, Mar-Huna ; celui-ci ordonna qu’après sa mort on l’enterrât en Palestine. À partir de cette époque, les exilarques se succédèrent sans interruption jusqu’au (xie siècle ; leur influence fut considérable sur la marche de l’histoire juive en Babylonie.

Les anciens documents fournissent peu de renseignements sur