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l’influence babylonienne, l’esprit juif s’aiguisa, il devint plus pénétrant et plus subtil, cherchant et scrutant jusqu’à ce qu’il eût trouvé une réponse à toute question, une solution à tout problème. Les chefs des écoles de ce pays apprirent au peuple à réfléchir et à raisonner.

Dans les documents juifs, le terme de « Babylonie » ne désigne pas toujours le même territoire. Tantôt, il s’entend de la contrée qui va de l’endroit où le Tigre et l’Euphrate prennent leur source, jusqu’au golfe Persique ; tantôt, il indique le pays compris entre les deux fleuves jumeaux depuis le point où leurs bras commencent à se rapprocher jusqu’à l’endroit où ils s’unissent et où de nombreux canaux traversaient autrefois la région et mettaient les deux fleuves en communication : c’est la partie la plus méridionale de la Mésopotamie, l’ancien royaume de Babel et une partie de l’ancienne Chaldée, c’est aussi la région qui était habitée en grande partie par des Judéens, et qui, pour cette raison, était quelquefois appelée pays d’Israël ; enfin, dans sa plus étroite acception, ce terme ne représente plus qu’un petit territoire situé à l’est de l’Euphrate et se développant depuis Nehardea, au nord, jusqu’à Sora, au sud, sur une longueur d’environ 22 parasanges (124 kilomètres). Il était très important pour les Judéens de connaître d’une façon exacte les frontières de ce qu’on appelait la Babylonie, car les Judéens nés en Babylonie étaient considérés comme issus d’une origine essentiellement juive dont la pureté primitive n’avait jamais été altérée par le mélange d’un élément étranger. Sous le rapport de la pureté de race, la Judée elle-même reconnaissait la supériorité de la Babylonie. Un ancien proverbe disait : « Pour la pureté de la race, la différence entre les Juifs des provinces romaines et ceux de la Judée est aussi sensible que la différence entre une pâte de médiocre qualité et une pâte faite de fleur de farine, mais la Judée elle-même est comme une pâte médiocre par rapport à la Babylonie. »

La région judéo-babylonienne était divisée en une quantité de petits districts qui étaient appelés du nom de leur ville principale. Il y avait les districts de Narès, Sora, Pumbadita, Nehardea, Nehar-Pakod, Mahuza, etc. Chacun de ces districts avait sa physionomie propre, son originalité, il avait ses mœurs et sa