porté par ces légendes appartient à l’histoire. Les Judéens, traités le plus souvent avec mépris et cruauté par les empereurs romains, appréciaient particulièrement l’heureuse sécurité que leur assurait Alexandre Sévère, et ils appliquaient au règne de cet empereur les paroles de Daniel : « Même quand les juifs succomberont, on leur viendra un peu en aide. » Leurs sentiments à l’égard des Romains se modifièrent totalement ; leur aversion pour leurs maîtres fit place à une bienveillante sympathie. Les chrétiens de cette époque reprochaient aux Judéens d’entretenir des relations moins cordiales avec eux-mêmes qu’avec les païens. La barrière que la haine avait élevée entre Romains et Juifs s’abaissait, ces derniers sortaient peu à peu de leur isolement farouche, leur horizon s’éclaircissait, ils commençaient à décorer leurs appartements de peintures, et les docteurs les plus rigoristes ne pensaient pas à le défendre. Cette détente dans les relations des Judéens avec Rome engagea le patriarche à abolir certaines défenses qui avaient été maintenues et observées jusque-là avec la plus grande rigueur. Pendant la première insurrection contre les Romains, au moment où sévissait dans toute sa violence la tourmente soulevée par la haine de race, le synode s’était efforcé d’empêcher tout commerce avec les païens, en défendant aux Judéens de leur acheter de l’huile et d’autres aliments. Cette défense put être facilement observée, à l’origine, en Palestine, parce que le pays produisait tout ce qui était nécessaire à la vie, et que la Galilée exportait de l’huile en quantité suffisante pour en alimenter les provinces voisines. Mais, pendant la guerre d’Adrien, toutes les plantations d’oliviers furent saccagées dans la Galilée, et la nécessité contraignit les Judéens à faire venir leur huile du dehors. Le patriarche Juda II parvint à faire abolir par le Collège l’ancienne défense des docteurs. — Jusqu’alors, l’enfant né du mariage d’une juive avec un païen ou un esclave était considéré comme bâtard et rejeté hors de la société. Juda II déclara licite, contrairement à l’opinion de son grand-père, l’union contractée par l’enfant issu d’un tel mariage. Il aurait voulu lever également l’interdiction de manger du pain des païens, et abolir, en tout ou en partie, le jeûne d’Ab, établi en souvenir de la destruction du temple. Mais sa décision concernant l’huile avait mécontenté gravement quelques docteurs, et leur
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