suite, des effets heureux, mais elle produisit également des conséquences fâcheuses ; elle aiguisa, d’un côté, l’intelligence des docteurs, et, d’autre part, elle les habitua aux subtilités et aux sophismes. Elle prit naissance et se développa dans les écoles publiques de Jabné et d’Uscha, ainsi que dans un grand nombre d’écoles privées. Cette méthode de raisonner à outrance eut pour principaux partisans Meïr et ses disciples. Il ne suffisait pas à ces docteurs de se prononcer simplement sur des faits réels d’après les prescriptions du Pentateuque ou de la tradition, ils se plaisaient à imaginer des situations compliquées pour démontrer, par exemple, qu’il pouvait se présenter des circonstances où une seule faute appelait plusieurs châtiments ou exigeait plusieurs expiations.
Un fait remarquable, c’est que la Mischna n’a accueilli aucune loi faite contre les judéo-chrétiens, elle n’indique même pas s’il est permis ou défendu de goûter au vin ou à la viande des Minéens. Il est probable que les dangers qui avaient menacé le judaïsme de la part des judéo-chrétiens, depuis la destruction du temple jusqu’à la guerre de Barcokeba, avaient totalement disparu. Par contre, la législation de la Mischna contient de nombreuses dispositions prises contre la gentilité et ayant pour objet d’éloigner les Judéens des païens et de leur culte. Les docteurs chrétiens sentaient aussi combien des lois de ce genre seraient nécessaires pour protéger le christianisme, et un Père de l’Église, Tertullien, un des plus jeunes contemporains du patriarche Juda et le premier auteur chrétien qui ait écrit en latin, prit des mesures aussi sévères que la Mishna pour établir une séparation entre les chrétiens et les gentils. Ces derniers s’étaient multipliés en Palestine, après la guerre de Barcokeba ; ils n’occupaient pas seulement les villes maritimes, ils résidaient également dans l’intérieur, et il devenait urgent de les tenir à l’écart. La Mischna réunit dans un traité spécial, dans Aboda Zara, les lois établies pour séparer les Judéens des païens. Toute relation est interdite avec ces derniers pendant les trois jours qui précédent leurs principales fêtes, telles que les calendes de janvier, les saturnales, l’anniversaire de l’avènement ou de la mort de l’empereur ; il est défendu aux juifs de visiter les échoppes des païens ornées de laurier, de leur vendre