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terre. Elle admet que toutes les prescriptions de la Tora, y compris celles que le Pentateuque ne mentionne pas d’une façon explicite, ont été révélées à Moïse sur le Sinaï et transmises par lui à Josué, qui les a transmises aux anciens, ces derniers les ont transmises aux prophètes qui, à leur tour, les ont transmises à la Grande Synagogue. Toutes les lois qui ne se trouvent pas dans le Pentateuque sont désignées par la Mischna, sans distinction d’origine, sous le nom de paroles des scribes (dibré Soferim). On rencontre, il est vrai, dans la Mischna l’aveu que plusieurs pratiques établies par certains Tannaïtes, ne reposent que sur des raisonnements d’une extrême subtilité, qu’elles ressemblent à des montagnes suspendues à un cheveu ; elle n’en considère pas moins toutes les halakot comme des règles inviolables.

La Mischna déclare, à plusieurs reprises, que toutes les prescriptions religieuses ont une valeur égale. On pourrait placer en tête de ce recueil la sentence de Rabbi : « Dans quelle voie l’homme doit-il marcher ? Dans celle qui lui fait acquérir sa propre estime et l’estime des autres. Observe les prescriptions les moins importantes aussi strictement que les lois les plus graves, car tu ignores la récompense attachée à leur accomplissement. Compare la perte (matérielle) que t’impose l’observation d’un précepte à la récompense (morale) qui t’attend, et aux jouissances que peut te procurer un péché, oppose le dommage qu’il te fera subir. Préoccupe-toi sans cesse de ces trois points et tu ne pécheras jamais : sache qu’il y a un œil qui voit tout, une oreille qui entend tout, et que toutes tes actions sont inscrites dans un livre. » La Mischna établit, en effet, comme principe, que tout israélite observant les pratiques religieuses aura part à la vie future, hormis ceux qui nient le dogme de la résurrection ou celui de la révélation, ou qui vivent et pensent en épicuriens. Elle admet également que la piété est récompensée ici-bas, qu’il suffit d’observer strictement une seule loi pour être heureux, vivre longtemps et participer à la possession de la Terre sainte. On voit que la Mischna a essayé de concilier la doctrine des récompenses terrestres enseignée par la Bible avec un dogme qui ne s’est établi qu’après l’exil, le dogme d’une récompense future. D’après elle, l’accomplissement de cer-