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obtinrent le droit d’être nommés aux fonctions municipales et judiciaires, ce qui leur avait été défendu par Adrien, et les trois successeurs de cet empereur qui, par adoption, étaient devenus membres de sa famille, avaient maintenu sa défense. Mais les Judéens ne conservèrent pas longtemps la faveur de Septime Sévère ; ils s’aliénèrent ses bonnes grâces à la suite d’une tentative de soulèvement de quelques écervelés (vers 198-199). On se demande quelle nécessité poussa les Judéens vers une si folle et si dangereuse entreprise. Il paraît certain qu’ils voulurent profiter de la guerre que les Parthes faisaient alors aux Romains et qui avait pris un tel caractère de gravité que Sévère se rendit avec toute sa famille sur le théâtre de la lutte. Il est, en effet, à remarquer qu’à chaque levée de boucliers des Parthes contre Rome, la Judée tout entière tressaillait du désir de prendre part au mouvement et d’aider à anéantir la ville maudite. Sévère fut obligé de lever honteusement le siège de Hertel, en Mésopotamie, à la défense de laquelle aidèrent certainement des Judéens ; mais, en définitif, les Romains restèrent vainqueurs. Aucun document n’indique clairement si la lutte eut lieu en même temps ou successivement dans les pays Parthes et en Judée. On sait seulement que le soulèvement des Judéens fut très sérieux, puisque le Sénat décerna au vainqueur les honneurs du triomphe (triumphus judaicus). Sévère, irrité de cette révolte, se montra, très dur envers les Judéens, et, lors de son passage en Palestine (202), il promulgua contre eux plusieurs lois d’exception ; il leur défendit, entre autres, sous les peines les plus rigoureuses, d’accueillir des prosélytes romains. Comme les chrétiens étaient encore confondus à cette époque avec les Judéens, il va sans dire qu’il était également défendu de se convertir au christianisme. Les Samaritains, châtiés autrefois par Sévère parce qu’ils avaient pris parti pour Pescennius, conquirent ses bonnes grâces. L’empereur sembla vouloir humilier plus profondément les Judéens en relevant leurs plus acharnés ennemis.

Le patriarche Juda était déjà parvenu à une haute vieillesse lorsque cette révolte éclata en Palestine. Ni lui ni les autres docteurs ne voulurent soutenir l’insurrection ; ils en désapprouvèrent formellement les auteurs. Deux docteurs secondèrent même les