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plètement indépendants de Rome. Malgré les nombreuses déceptions que leurs espérances avaient déjà subies, les Judéens continuaient à compter sur l’appui des Parthes pour secouer le joug de leurs maîtres. Simon ben Yohaï, ennemi implacable des Romains, disait : « Si tu vois un coursier Parthe attaché à un tombeau du pays d’Israël, tu peux espérer dans la venue du messie. » Il est probable que le gouverneur de la Syrie étouffa cette tentative de rébellion avant l’arrivée des Parthes. La guerre Parthe, qui se prolongea pendant plusieurs années (161-165), éclata seulement après la mort d’Antonin le Pieux, au moment où, par suite des dispositions prises par Adrien, les Romains avaient pour la première fois deux empereurs à leur tête, le philosophe Marc-Aurèle Antonin et le libertin Lucius Verus Commode. Au début de la campagne, les Parthes, commandés par leur roi, Vologuèse, s’avancèrent jusqu’en Syrie, battirent le gouverneur de cette province, Atidius Cornélien, qui venait peut-être de dompter la rébellion des Judéens, mirent les légions en fuite et occupèrent ce pays. Le deuxième empereur, Verus, se rendit en toute hâte en Orient avec de nouvelles troupes. Ses généraux, qui étaient de vaillants et habiles guerriers, livrèrent plusieurs batailles aux Parthes et parvinrent à les vaincre, pendant que lui-même s’adonnait, à Antioche, à Laodicée et à Daphné, à la plus grossière débauche.

Les Judéens ne prirent pas une part directe à cette dernière guerre, mais ils témoignèrent ouvertement de leurs sympathies pour les alliés. Verus les en châtia en les persécutant. Il leur enleva d’abord leur juridiction ; on ne sait pas s’il abolit totalement leur juridiction civile, ou s’il interdit seulement la nomination de juges juifs. Ensuite, il soumit les membres du Synhédrin à une surveillance très rigoureuse. Un jour, on rapporta aux autorités romaines une conversation que Juda, José et Simon ben Yohaï avaient tenue, à ce qu’il semble, dans une séance publique à Uscha, sur la politique impériale. Juda, qui comprenait les dures nécessités de la situation, avait mis en relief les qualités des Romains : « Ce peuple, avait-il dit, a exécuté des travaux considérables ; il a bâti des villes avec d’immenses marchés, construit des ponts et établi des bains pour le bien de tous. » José avait gardé le silence, mais Simon ben Yohaï avait répliqué avec colère : « Toutes les