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neure, ils continuaient à parler la langue de ces pays, ils ignoraient pendant longtemps la langue hébraïque et négligeaient totalement l’étude de la Loi. Les juifs de Rome se divisaient en six communautés et avaient six synagogues, la synagogue des Augustins, celle des Agrippins, celle du champ de Mars ou des Campiens, celle du faubourg de Sabura, celle de Volumnius, et enfin celle des Éléens. Chacune d’elles avait à sa tête un chef qui portait un titre grec, celui de Archisynagogue, Archon ou bien Guérusarque, il n’était désigné que rarement sous le titre romain de père de la synagogue. Les inscriptions que les Judéens gravaient sur les monuments funéraires étaient également en grec, et cela non seulement à Rome, mais aussi dans les autres villes de l’Italie, à Brescia, à Capoue, à Naples, etc. Les différentes communautés juives de l’Italie continuaient à recevoir l’impulsion religieuse du Collège établi en Palestine ; ce dernier déléguait auprès d’elles des envoyés (apostoli) qui leur faisaient connaître les nouvelles mesures que décrétaient les docteurs palestiniens et qui recueillaient en même temps les subsides destinés à l’entretien des écoles et du patriarcat. Ces messagers formaient en quelque sorte le trait d’union entre l’autorité centrale de la Palestine et les communautés du dehors.

Pendant que les docteurs de la Galilée s’appliquaient à réveiller le sentiment national dans le cœur des Judéens, à réorganiser le Synhédrin, à fixer la loi orale afin de la défendre contre l’oubli et d’en faciliter l’enseignement, les Judéens de Babylonie faillirent rompre l’unité du judaïsme ; ils voulurent organiser des communautés indépendantes de la Palestine. La prudence et l’habileté du patriarche Simon II, fils de Gamaliel, empêchèrent que cette scission ne se produisît. Hanania qui, comme on l’a vu plus haut, s’était rendu en Babylonie sur les instances de son oncle Josua, essaya de constituer un centre religieux dans sa nouvelle patrie. Il organisa à Nahar-Pakod, probablement dans le voisinage de Nehardea, une sorte de Synhédrin dont il prit la présidence ; un certain Nehunyam paraît avoir été le vice-président de cette assemblée. Les communautés babyloniennes, qui dépendaient jusque-là des autorités religieuses de la Judée et que l’affaiblissement des écoles de ce pays menaçait de laisser sans