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nération reprirent activement l’œuvre commencée par leurs prédécesseurs. Les plus importants de ces docteurs, qui exercèrent une influence plus ou moins considérable sur les événements de ce temps, étaient Simon II, fils du patriarche Gamaliel ; Nathan, qui était venu de Babylonie ; Meïr et Simon ben Yohaï. Simon II n’avait échappé que par un hasard extraordinaire aux massacres qui avaient eu lieu à Jabné et aux persécutions ultérieures dirigées contre lui. Le questeur chargé par Rufus de le mettre en prison lui avait fait connaître le danger qui le menaçait et lui avait facilité la fuite. Simon s’était rendu en Babylonie. Aucun document n’indique combien de temps il resta dans ce pays et dans quelles circonstances il fut appelé à la dignité de patriarche. Cette dignité avait encore acquis aux yeux des Judéens une plus grande importance à la suite de l’effondrement définitif de leur nationalité, parce qu’elle leur rappelait l’heureuse époque de leur indépendance. Simon, peut-être ébloui par l’éclat presque royal dont il avait vu briller l’exilarcat en Babylonie, s’efforça d’entourer le patriarcat d’un lustre plus vif et de faire décerner aux titulaires des honneurs plus pompeux. Il ne semble avoir assisté ni à la grande réunion d’Uscha ni aux conférences religieuses qui avaient lieu de temps à autre dans cette ville ; il s’établit probablement à Jabné, ville que le souvenir de son père lui rendait particulièrement chère et près de laquelle il possédait sans doute des terres. Les disciples d’Akiba paraissent au contraire s’être établis surtout à Uscha, peut-être pour être plus indépendants du patriarche, et Simon, pour ne pas rester seul, fût obligé de rejoindre ses collègues. On compléta le Collège en nommant Nathan le Babylonien vice-président et Meïr orateur de l’assemblée. On verra plus loin comment le patriarche faillit être destitué, comme l’avait été son père, en voulant faire disparaître l’égalité qui n’avait jamais cessé de régner jusque-là entre les membres dirigeants du Collège.

On sait peu de chose sur l’enseignement religieux de Simon ; le Talmud rapporte seulement qu’il déclarait lois définitives les décisions adoptées par le Collège et citait sous son propre nom celles qui n’avaient pas encore été acceptées par la majorité. Dans les controverses sur des points juridiques, il attachait une plus grande