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gèrent le petit groupe de Judéens revenus en Palestine à rester définitivement dans le pays, et les communautés juives dispersées dans les diverses parties du monde à se remettre en relations avec la Palestine, et à la soutenir de leur appui matériel et moral. La Palestine redevint donc encore une fois le centre du judaïsme et le siège de la pensée juive. Ces docteurs différaient d’opinion, il est vrai, dans l’interprétation de la Loi, chacun d’eux croyant être l’unique représentant des vraies traditions et de la vraie doctrine, mais ils étaient unis dans un amour commun pour leur foi et leur patrie. Ces docteurs étaient Meïr, Juda ben Ilaï, José ben Halafta, Johanan d’Alexandrie, Simon ben Yohaï, Éléazar ben Jacob et enfin Néhémie. Dès leur retour en Judée, ils se rendirent ensemble dans la plaine de Rimmon, devenue si fameuse dans la dernière guerre, et là ils résolurent de remettre de l’ordre dans le calendrier, que les récents événements avaient fait négliger. À la première réunion, ils discutèrent vivement sur l’interprétation d’une loi établie par Akiba, mais ils ne tardèrent pas à se réconcilier, s’embrassèrent en frères, et les moins pauvres partagèrent avec ceux qui ne possédaient rien. Ils tinrent une seconde réunion à Uscha, patrie de Juda, où le Collège avait siégé avant le soulèvement de Barcokeba, et ils convoquèrent dans cette ville tous les savants de la Galilée. Ceux-ci répondirent en grand nombre à cette invitation, les habitants leur offrirent une généreuse et cordiale hospitalité. Cette réunion se proposa de fixer de nouveau un certain nombre de traditions qui avaient été obscurcies ou totalement oubliées à la suite des dernières calamités ; elle prit quelques résolutions importantes, et se sépara. Avant de partir, les principaux organisateurs de la réunion adressèrent aux assistants de solennels adieux. Ben Ilaï remercia particulièrement ceux qui étaient venus du dehors pour prendre part à ces délibérations ; d’autres docteurs remercièrent les habitants d’Uscha de l’accueil fraternel qu’ils avaient fait à leurs hôtes. Le judaïsme, qui semblait avoir perdu toute unité et toute cohésion et avoir été totalement désorganisé, se releva donc encore une fois de sa chute, et, comme autrefois, il dut son salut à l’étude de la Loi.

À cette époque, l’enseignement religieux reçut une nouvelle impulsion, les écoles se rouvrirent, et les Tannaïtes de cette gé-