Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 3.djvu/115

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

maritains ne prononçaient jamais son nom sans le faire suivre de cette formule de malédiction : « Puisse Dieu réduire ses ossements en poussière ! » Ses victimes virent certainement, dans sa fin misérable un châtiment dont Dieu l’avait frappé pour le punir des maux dont à avait accablé la nation juive. Le successeur et fils adoptif d’Adrien, Titus Aurelius Antonin, surnommé le Pieux, était d’un caractère plus doux et plus bienveillant. Une matrone romaine de Césarée, peut-être Rufa, la femme du procureur, touchée des souffrances des Judéens, leur conseilla de s’adresser au nouvel empereur, par l’entremise des autorités de la province, pour obtenir un adoucissement à leur sort. On suivit ce conseil. Quelques Judéens, ayant à leur tête Juda ben Schamua, se rendirent auprès du gouverneur et le supplièrent d’avoir pitié d’eux. « Ô, ciel ! s’écrièrent-ils pendant une nuit, ne sommes-nous pas vos frères, les enfants d’un même père ? Pourquoi nous traitez-vous avec tant de cruauté ? » Ces démarches furent accueillies favorablement par le gouverneur, qui demanda à l’empereur l’autorisation de se montrer dorénavant moins dur envers les Judéens. On raconte que le 15 ab (août) fut annoncée l’heureuse nouvelle qu’il était permis d’ensevelir les guerriers juifs. Le 28 adar (mars 139 ou 140) arriva un message plus agréable encore : les lois décrétées par Adrien étaient abolies. Ce jour fut inscrit dans le calendrier parmi les dates heureuses. On sait aussi par une source romaine que l’empereur Antonin le Pieux permit de nouveau aux Judéens d’opérer la circoncision ; il leur était seulement interdit de circoncire des prosélytes. Ces différentes mesures mirent sans doute fin à la persécution religieuse. Antonin maintint cependant le décret qui défendait aux Judéens l’entrée de Jérusalem.

En apprenant que le régime d’exception qui pesait sur les Judéens avait cessé, un grand nombre de fugitifs revinrent dans leur patrie. Les sept disciples d’Akiba, les seuls gardiens survivants de l’héritage sacré de la Tora, qui s’étaient rendus en Babylonie, reprirent la route de la Palestine, et là ils renouèrent la chaîne des traditions religieuses interrompue par la guerre et les persécutions d’Adrien. La plupart de ces docteurs étaient doués d’une énergie et d’une vaillance remarquables, leur zèle et leur activité inspirèrent force et confiance à leurs compatriotes ; ils encoura-