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néfaste s’ouvre pour Israël. » Sa lugubre prédiction, se réalisa malheureusement très vite, et bientôt il fut arrêté lui-même, accusé d’avoir enseigné la Tora, et jeté en prison. C’est en vain que Pappos ben Juda, un de ceux qui prêchaient, sans cesse la modération et la prudence, avertit Akiba que des espions surveillaient ses moindres démarches et il l’engagea à ne plus réunir ses disciples autour de lui ; Akiba refusa de tenir compte de ses conseils. Le hasard voulut qu’ils se rencontrassent en prison. Pappos déplora amèrement qu’il eût été condamné pour une raison frivole et mondaine et qu’il fût privé de mourir pour une sainte cause.

Rufus, gouverneur et juge criminel de la province, reconnut dans Akiba le chef et le conseiller des Judéens, et il le traita avec la plus grande rigueur. Après l’avoir tenu enfermé longtemps dans un cachot, il le livra entre les mains du bourreau. Mais il ne lui suffit pas de faire mourir le docteur juif ; il lui fit infliger auparavant les plus atroces tortures. L’exécuteur lui arracha la peau avec des crochets de fer. Le sublime martyr, gardant le sourire sur les lèvres malgré son horrible supplice, récita lentement la prière du Schema. Rufus, étonné de cette merveilleuse énergie, demanda à Akiba s’il possédait un charme pour dominer à ce point la souffrance. « Je ne suis pas magicien, répondit Akita, mais je suis profondément heureux que tu m’aies offert l’occasion de mourir pour mon Dieu. » Il exhala son âme avec ces mots, qui sont la base du judaïsme : Dieu est un. La mort d’Akiba, admirable comme sa vie, laissa un vide immense ; les Judéens en ressentirent une amère douleur. « Avec lui, dirent-ils, a disparu l’appui de la Loi et se sont taries les sources de la sagesse. »

Après Akiba, on exécuta Hanania ben Teradion, celui-là même auquel José ben Kisma avait conseillé de fermer son école. On lui demanda pourquoi il avait enfreint l’ordre impérial. « Parce que Dieu me l’a ordonné, » répondit-il. Il fut enveloppé dans un rouleau de la Loi et brûlé sur un bûcher de saules encore verts. Pour faire durer son supplice plus longtemps, on lui plaça de la laine mouillée sur le cœur. Sa femme, à ce que l’on croit, fût également condamnée à mort ; et sa fille fut emmenée à Rome et