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responsables de leur crime. La ville où aurait lieu une ordination devait être détruite avec ses environs. Ce fut probablement Ahèr qui fit diriger la persécution contre l’étude de la Loi. On raconte de lui qu’il livra des docteurs à la mort, et éloigna par la terreur des disciples des écoles.

José ben Kisma, entre autres, conseillait la prudence ; il répétait souvent que la patience et la soumission feraient plus que la violence et la lutte. Il rencontra un jour Hanania ben Teradion, un rouleau de la Loi sur les genoux, et occupé à enseigner au milieu d’un groupe de disciples : « Mon frère, lui dit José, ne vois-tu donc pas que le ciel lui même favorise les Romains ? Ils ont détruit le temple, fait périr des justes, exterminé des hommes pieux, et cependant ils existent encore ! Pourquoi t’exposes-tu à enseigner la Loi malgré l’interdiction de nos ennemis ? Je ne serais pas surpris de te voir condamné au feu, toi et le livre saint. » La modération de José lui valut les faveurs du gouverneur de la Judée, et, lorsqu’il mourut, les plus hauts personnages accompagnèrent son convoi. Mais la plupart des Tannaïtes ne partageaient pas les sentiments de José, ils décidèrent qu’ils continueraient à former des disciples au risque de périr. Ils estimaient que l’étude de la Loi était chose plus importante que l’accomplissement des pratiques, et cette opinion paraît avoir été sanctionnée et érigée en loi par les docteurs réunis à Lydda. Ces derniers s’étaient, en effet, soumis dans certains cas aux ordres des Romains et avaient transgressé quelques prescriptions, mais ils étaient tous prêts à mourir plutôt que de fermer les écoles.

Un récit très ancien rapporte que des docteurs, subirent le martyre parce qu’ils s’étaient occupés de l’étude de la Loi ; l’histoire ne donne que le nom de sept de ces martyrs. On exécuta en premier lieu Ismaël, descendant du grand prêtre Élisa et créateur des treize règles d’interprétation, et, avec lui, un docteur appelé Simon. Les deux condamnés se consolèrent l’un l’autre au moment d’aller au supplice et s’affirmèrent mutuellement dans leur croyance à la justice divine. Akiba prononça une oraison funèbre en mémoire de ces deux héros de la foi ; et il termina son discours par cet avertissement qu’il adressa à ses disciples : « Préparez-vous à mourir, une époque