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placé par celui d’Ælia Capilotina, du nom de l’empereur Ælius Adrien et de Jupiter Capitolin. Dans tous les actes publiés, Jérusalem s’appelait désormais Ælia, et l’ancien nom tomba dans un tel oubli qu’un siècle plus tard un gouverneur de la Palestine demanda à un prélat qui s’intitulait évêque de Jérusalem où cette ville était située. À la porte du Sud, d’où l’on se rendait à Bethléhem, on sculpta en demi-bosse une tête de porc, ce qui fut particulièrement pénible pour les Judéens. Il était interdit à ces derniers, sous peine de mort, de pénétrer dans l’enceinte de la ville. Sur le mont Gazirim, où se trouvait autrefois le sanctuaire des Samaritains, Adrien fit ériger un temple en l’honneur de Jupiter. Un autre temple fut élevé à Vénus sur la place de Golgotha, devant Jérusalem, et dans une caverne de Bethléhem, on rendit les honneurs divins à une image d’Adonis. Adrien suivit la politique néfaste d’Antiochus Épiphane, qui profana tout ce que les Judéens vénéraient comme sacré. Il dirigea contre eux des persécutions sanglantes pour les contraindre à embrasser le paganisme. Il fit publier un décret en Palestine qui défendait, sous les peines les plus sévères, la circoncision, l’observation du sabbat et l’étude de la Loi. Ce ne fut que sur un seul point qu’Adrien s’écarta du système de persécution du roi de Syrie, il n’obligea pas les Juifs à adorer les divinités romaines. Mais il appliqua ses proscriptions à tous leurs usages, et interdit même des actes qui, en réalité, n’avaient aucun caractère religieux, tels que l’acte de délivrer une lettre de divorce, de marier le mercredi, et autres faits de ce genre. Cette période malheureuse, qui s’étend depuis la chute de Bétar jusqu’à la mort d’Adrien, fut surnommée l’époque de l’oppression religieuse, du danger ou de la persécution.

Toutes ces lois, appliquées avec une implacable rigueur atteignirent durement les Judéens. Les personnes pieuses étaient très perplexes dans cette situation critique, ne savaient pas si elles devaient continuer à observer toutes les pratiques, même au péril de la vie, ou s’il était, au contraire, de leur devoir de ménager une existence qui pourrait être utile au judaïsme, déjà si affaibli, et de se soumettre à la douloureuse nécessité de transgresser les lois religieuses. Il n’existait à cette époque aucun Collège légalement constitué qui fût en droit de se prononcer dans cette