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divisions intestines qui y éclatèrent ; Sichin tomba par la magie, et par là il faut probablement entendre une attaque imprévue, et Magdala, le lieu de naissance de la célèbre pécheresse Marie-Madeleine, par la débauche. La chute de ces trois places fortes, qui formaient la ligne de défense de la frontière judaïque, marqua la fin prochaine de la guerre ; c’est ainsi que, pendant la première révolution des Judéens, la prise des forteresses de Jotapata et de Gadara avait été le prélude de la conquête de la Judée par Rome. Un deuxième point où la lutte paraît avoir été très vive fut la plaine de Rimmon, qui avait été le berceau de l’insurrection. Les légions romaines durent passer par cette plaine pour pénétrer dans le cœur du pays, et ils y livrèrent une bataille sanglante dont la légende a exagéré, selon son habitude, l’importance et les funestes effets. De Rimmon, l’armée romaine marcha probablement sur les villes de la montagne royale. D’après une tradition, 100 000 Romains auraient pénétré, l’épée au clair, dans la forteresse de Tur-Simon et y auraient commis un carnage épouvantable pendant trois jours et trois nuits. Toutes les cinquante places fortes qui avaient été entre les mains des Judéens étaient tombées sous les coups du bélier romain. Les généraux envoyés par Adrien contre les insurgés avaient livré, d’après les uns, cinquante-deux, et d’après les autres, cinquante-quatre batailles. Le cercle de fer dont l’armée romaine enveloppait Betar se rétrécit de plus en plus autour de cette forteresse, dans laquelle Barcokeba s’était jeté avec l’élite de ses troupes et où s’étaient réfugiés les fuyards de toute la Judée. La lutte présenta en ce moment un intérêt palpitant ; les deux plus grands généraux de leur temps, Barcokeba et Jules Sévère, se trouvèrent l’un en face de l’autre ; et des coups qu’ils allaient se porter dépendaient les destinées d’un peuple tout entier. L’histoire n’a pas encore fait ressortir avec une vigueur suffisante la grandeur de ce spectacle, où l’on voyait une nation soutenue par la passion religieuse, l’amour de l’indépendance et la haine de race, lutter avec l’énergie du désespoir contre des légions fortement disciplinées et des conquérants cruels et rapaces.

Les Judéens enfermés dans Betar durent être excessivement nombreux, car la tradition multiplie les hyperboles à ce sujet afin