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aussi pour lui ou furent employés par lui. Avec leur concours, il imposa des contributions aux arabes ou Nabatéens habitant les territoires de Hesbon et de Médaba, et procéda avec autant de rigueur qu’avait fait son père Joseph dans l’administration de la Cœlé-Syrie. Il amassa ainsi des richesses considérables, qui lui servirent à se construire, non loin de Hesbon, sur un rocher, une sorte de château, à la fois forteresse et maison de plaisance.

Quant à l’excédent disponible de ses trésors, il l’envoyait de temps à autre à Jérusalem pour qu’on le lui conservât dans le temple, asile sûr, lieu saint et inviolable pour les païens eux-mêmes. Hyrcan était allié au grand prêtre Onias III, et mettait sans crainte ses fonds sous la protection du sanctuaire confié à sa garde. Cette circonstance et la sévérité du pieux grand prêtre à l’endroit des mœurs grecques inspirèrent aux Tobiades et à Simon, chef du parti des Hellénistes, une haine violente pour Onias, haine qui fit naître des conflits et des luttes dans Jérusalem. Simon exerçait un emploi dans le temple, et il parait s’en être prévalu pour faire acte de résistance au grand prêtre. Celui-ci, pour enrayer les progrès de la discorde à Jérusalem, en bannit Simon et probablement aussi les Tobiades ; c’était jeter de l’huile sur le feu.

Simon avait imaginé, seul ou de concert avec les autres Hellénistes, un plan odieux de vengeance contre leurs ennemis communs. Il alla trouver le commandant militaire de la Cœlé-Syrie et de la Phénicie, Apollonius, fils de Thrasée, et lui révéla, par une dénonciation perfide, que dans le temple de Jérusalem existaient de grands trésors qui n’appartenaient pas au sanctuaire, et qui dès lors, en bonne justice, revenaient au roi. Apollonius ne manqua pas d’en donner aussitôt avis au roi Séleucus IV (187-175), lequel donna ordre d’enlever ce riche trésor. Son trésorier, Héliodore, se rendit à Jérusalem pour opérer cette confiscation au cas où le dire de Simon se trouverait confirmé. Onias, comme on pouvait s’y attendre, résista énergiquement à cette prétention illégale. Mais Héliodore invoqua l’ordre royal et fit ses dispositions pour pénétrer dans le sanctuaire. Ce fut un grand émoi dans toute la population de Jérusalem, de voir qu’un païen osât s’introduire